IL FAIT TOUJOURS BAU: L'amitié devrait être la base de la relation amoureuse


PAROLE ET VIE animée par Roland Leclerc No 14 (1994)



PAROLE DU frère Marie-Victorin

NATURE: Le Centre d'interprétation de la nature du Lac Boivin, a Granby


Le Centre d'interprétation de la nature du Lac Boivin, a Granby

INVITATION: Benoit Voyer en liberté


20231213 PUB Benoitvoyerenliberte.blogspot.com

DES MOTS POUR PRIER: Désir


20231214 Benoit Voyer, Désir, Je prie comme je peux 2004 

LE MOT DU JOUR: Le Parti conservateur du Québec


20231214 Le Parti conservateur du Québec

LE PRÉSENT DU PASSÉ: Confidence du médecin de Robert Bourassa

Docteur Joseph Ayoub Cancérologue, Hôpital Notre-Dame


Confidence du médecin de Robert Bourassa

« Un jour j'ai dit à Robert Bourassa : " Le Québec vous aime, monsieur Bourassa! " Des larmes d'émotion contenue ont alors coulé sur son visage, silencieusement », dit d'une voix touchante Joseph Ayoub, l'oncologue qui a accompagné l'ex-premier ministre du Québec sur le chemin de l'autre vie. Ce qui l'a surpris, c'est la simplicité et la foi en Dieu qui habitaient ce personnage important de l'histoire du Québec, décédé le 2 octobre 1996 à 5h45 à l'Hôpital Notre-Dame de Montréal, emporté par un cancer.

Accompagner cette personnalité québécoise a été un événement circonstanciel, voire providentiel. Lors de l'arrivée de Robert Bourassa à l'hôpital, Joseph Ayoub était de garde. « J'ai appris à voir l'homme à travers le politicien. J'ai appris à découvrir un être d'une grande simplicité et d'une très grande humilité », ajoute-t-il.

L'hommage qu'il a fait le jour du décès et qui a été repris par tous les médias de la métropole québécoise a profondément touché les sensibilités de ses compatriotes d'adoption. Le monde catholique a découvert en lui une âme riche de la présence de Dieu. Son témoignage n'a pourtant pas été quelque chose de très planifié.

« Dans ses dernières minutes, je suis venu d'urgence à son chevet pour encourager sa famille. Sur la route pour me rendre à l'hôpital, je me suis dit: c'est le 2 octobre, fête des anges gardiens. C'est en ces termes que j'ai parlé à la famille Bourassa lorsqu'il a exhalé son dernier souffle. " Son ange gardien a accompagné son âme au Seigneur "», raconte le réputé spécialiste du cancer.

Il poursuit : « En sortant de la messe vers 7h30 (à l'Hôpital Notre-Dame où je participe souvent à l'eucharistie), je me suis dit ; ça ne se peut pas qu'un homme qui a tellement contribué à l'évolution du Québec parte sans que quelqu'un livre un dernier hommage. Je savais que la famille ne voulait émettre aucun commentaire officiel aux médias. Alors, je me suis rendu à mon bureau (le K5219 du Pavillon Mailloux de l'Hôpital Notre-Dame de Montréal) pour griffonner un petit texte et j'ai téléphoné à madame Bourassa pour lui demander la permission de livrer ma déclaration aux médias. »

Andrée Bourassa accepte la proposition. Joseph Ayoub se rend alors au bureau de Jacques Wilkins, directeur des communications de l'institution, pour lui remettre son bout de papier. M Walkins le met au propre et l'envoie à toutes les salles de presse par le biais de l'agence Telbec.

Son geste réalisé, le docteur Ayoub se rend à une réunion au Collège des médecins du Québec sans trop se soucier de la conséquence de son geste spontané. Rapidement, M. Wilkins lui lance un appel urgent au téléphone :

« Monsieur Ayoub, on a des téléphones de partout. Les médias veulent vous voir et vous entendre lire ce témoignage que vous avez rédigé. » À midi, il était la vedette d'un point de presse en direct sur les ondes de plusieurs stations de radio et de télévision.

« Êtes-vous conscient que vous avez touché les cœurs des Québécois ? Avouez que c'était bien plus qu'un hommage à Robert Bourassa ! Vos propos de foi ont pénétré la sensibilité collective. Par la suite, la population ne parlait que de cela ! Elle disait de vous : Quel grand humaniste ! Quel grand homme ! » lui envoie le représentant de la Revue Sainte Anne pour tenter de le faire sortir quelques secondes de sa grande humilité

Il répond après un bref silence comme pour se justifier : « Ce témoignage est sorti de mon cœur après avoir côtoyé ce monsieur pendant cinq semaines ... »

Après un silence lourd à la recherche d'une réponse au fond de lui, il ose des commentaires puisés à la source de sa spiritualité : « C'est là que je te dis: c'est la voie du Seigneur. Il a des voies qui nous dépassent, toi et moi. » Il y a longtemps que j'ai constaté - et cela bien avant cet événement - que les Québécois ont une foi profonde, mais qu'elle est endormie. Ils ont peur de l'exprimer. »

Pour lui, la foi au Québec est omniprésente et il n'y a qu'à simplement enlever une couche de terre, une couche de poussière pour qu'elle apparaisse. La racine de la foi est bien vivante. Pour qu'elle revive, il faut qu'il y ait de véritables témoins. Seuls des gens qui vivent pleinement de la Parole de Dieu permettront à la foi de fleurir à nouveau.

Un médecin pas comme les autres
Joseph Ayoub est oncologue au Pavillon Notre-Dame du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), directeur d'oncologie médicale et professeur à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal et responsable de l'unité du cancer du poumon pour le Fonds de recherche en santé du Québec (Réseau cancer). Il s'occupe aussi des protocoles de recherche clinique pour le cancer du poumon.

Il est rare de rencontrer une telle qualité humaine chez un spécialiste de la santé. Il est bien plus qu'un médecin du corps. Il est celui de l'âme. N'est-ce pas cela apporter le salut ? Dans sa racine hébraïque, ce mot veut dire «la guérison ». C'est ce que Jésus a fait et Joseph Ayoub tente de l'imiter à sa façon.

« Le regard de Joseph Ayoub ressemble au regard de compassion que le Christ, docteur des âmes, portait sur les malades », lance promptement Johanne Grondin au seul souvenir de cet homme qu'elle a vu à la télévision à quelques occasions.

Son visage est rempli de lumière. Son regard est chargé de tendresse. Ses paroles sont pleines de bonté. Il n'a pas de besoin de parler. De sa personne transparaissent les traces du Ressuscité. Il côtoie tellement de près la mort, qu'il est constamment en contact avec les âmes du ciel. Dieu doit tellement être fier de la préparation qu'il fait à ses patients pour aller à sa rencontre, qu'il doit lui préparer une des plus belles places au royaume des bienheureux du ciel. Vraiment, il est rare de rencontrer une si belle âme

Médecin catholique
Joseph Ayoub est né en Égypte, en janvier 1937. Il est le fils d'un père égyptien et d'une mère libanaise. Il gradue en médecine en 1961. Après deux ans de travail en résidence, il commence sa carrière de médecin à Alexandrie. En cette même année 1963, il rencontre sa future femme et ils se marient.

En octobre 1966, il quitte son pays pour s'établir au Canada avec son épouse (ses yeux s'illuminent lorsqu'il parle d'elle) et leur bébé d'un an qui se prénomme Jean-Pierre. Ils deviennent officiellement citoyens canadiens, cinq ans plus tard.

« Avant de venir ici, j'ai lu de nombreux livres sur l'histoire du Québec. Ce qui m'a attiré, ce sont les origines mystiques de la Nouvelle-France. J'en rêvais. Je me disais que ce serait là que je pourrais vivre ma foi d'une façon pleine et idéale. C'était juste avant la révolution culturelle qu'a vécu le Québec », commente le sympathique spécialiste.

Être un médecin catholique passe bien auprès des malades. Cela est moins facile auprès des intellectuels. Il croit cependant que la foi vécue pleinement, simplement et normalement, finit par faire dire aux réfractaires qu'il y a quelque chose de sérieux dans la manifestation religieuse.

« Il y a une certaine réflexion qui s'établit parmi mes collègues et les autres médecins. Ils arrivent à voir que l'on peut faire une alliance entre la foi et la science. C'est une évolution de la pensée. Dans les années 1970, il fallait choisir entre l'une ou l'autre. Tu ne pouvais pas avoir les deux. Comme le disait si bien le cardinal Poupart : " Pour la science, connaître c'est expliquer. Pour la foi, connaître c'est aimer. Expliquer et aimer peuvent aller ensemble "», conclut-il.

Le mélange science et foi est ce qu'il a utilisé pour soigner Robert Bourassa et tant d'autres malades. Pour lui, la médecine n'est pas une profession, mais une vocation particulière, une mission apostolique.

Benoît Voyer

(Revue Sainte Anne, février 1999, pages 55 et 77)