C'ÉTAIT LE PRÉSENT DU PASSÉ: Les chrétiens persécutés dans le monde
Armand Gagné sait de quoi il parle. En 1989, il revenait d'une mission internationale au service de la cause des chrétiens persécutés pour leur foi au Christ. À Rome, il était l'assistant du Père général des Trinitaires.
Régulièrement, il devait divulguer, par l'intermédiaire du général, des informations au pape Jean-Paul II sur la situation difficile de ces personnes emprisonnées ou en liberté surveillée.
«Le pape était très au courant de la situation», confie le sympathique Trinitaire. «Prenons l'exemple du Mur de Berlin qui est tombé. Personne ne met en doute que c'est grâce à l'intervention du Souverain Pontife. Il l'a fait en faisant connaître la situation des gens et du pays.»
Il n'a pas que regardé ce qui se passe à la lumière des fonctionnaires: le Père Gagné est, notamment, allé constater la situation en U.R.S.S. - avant la chute du Parti communiste -, au Vietnam et en Chine.
«Ce que je fais au nom de ma communauté, c'est de créer des liens avec ceux qui souffrent», explique-t-il.
Il a aimé cette mission. De retour au Canada, il a continué la besogne dans ses temps libres. C'est sa façon à lui de participer au retour aux sources de sa communauté fondée par Jean de Matha, il y a plus de 800 ans.
Au Liban
Au début de septembre 1994, le père Armand Gagné revenait d'une petite mission d'une semaine au Liban. Le but était fort simple: nouer des liens plus intimes avec des évêques, prêtres et laïcs engagés qui vivent des instants difficiles.
«C'est entendu qu'en une semaine, je n'ai pas connu toute la situation», raconte le supérieur du Monastère des Trinitaires de Granby, «Toutefois, j'étais accompagné d'un Libanais fort compétent; ça m'a aidé à comprendre ... »
Pour lui, les informations que nous recevons sur ce pays par le mass média sont souvent incomplètes et manipulées. C'est ce qu'il appelle de la désinformation.
«Les gens ont de la difficulté à saisir le fond du problème: ils veulent chasser les Catholiques du Moyen Orient. On veut le faire par l'intermédiaire des Musulmans fanatiques», poursuit-il.
Pourquoi? Par souci économique. C'est un pays extrêmement riche au niveau touristique, car il est situé sur le bord de la mer Méditerranée. De plus, le Liban est considéré comme la Suisse du Moyen Orient, la plaque tournante de l'Afrique et des pays arabes.
«Ils veulent enlever l'influence chrétienne de cette région où il y a des Catholiques qui parlent la langue arabe. C'est une société où se retrouvent environ 17 entités religieuses différentes», explique l'homme à la soutane blanche.
Selon ses sources, la dernière guerre libanais avait pour objectif de persécuter les Chrétiens. «Une guerre artificielle: on a visé les églises, les monastères ... », insiste-t-il.
Pour ces Catholiques, une chose est primordiale: l'espérance chrétienne. Il s'agit de ne jamais désespérer et de se reprendre en main dès que passe l'épreuve
Retour au pays
Ce ministère un peu particulier était l'aboutissement de 15 années à l'extérieur du Canada, dont 72 mois au Guatemala comme missionnaire.
Après quelques temps à titre d'aumônier à la prison à sécurité maximum de Donnacona, il était nommé directeur, curé et économe du monastère des Trinitaires de Granby.
Curriculum Vitae
Le père Armand Gagné a un impressionnant curriculum vitae. Il est né le 28 août 1931 à Bagotville (ville de La Baie). Il est le fils de Joseph Gagné et Marie-Anne Lavoie. Il est baptisé la même journée à la paroisse Saint-Alphonse de Ville de La Baie
Il entre dans la communauté des Trinitaires en août 1955 et il prononce ses voeux perpétuels le 8 septembre 1959 à la paroisse Saint-Jean-de-Matha de Montréal. Il est finalement ordonné prêtre le 20 septembre 1959 à la paroisse Saint-Jean-de-Matha de Montréal. Il célèbre sa première messe à la paroisse Saint-Alphonse de Bagotville le lendemain. De 1959 à 1960, il termine sa quatrième année de théologie.
De 1960 à 1963, il est assistant surveillant des élèves du Collège des Trinitaires à Saint-Bruno-de-Montarville et est professeur de religion. Pendant ce temps, il est aumônier en milieu hospitalier à l'Hôpital Mayfair, à l'Hôpital Shriner's et à l'Hôpital Cedar. De 1960 à 1966, il devient procureur des missions pour sa congrégation.
De 1963 à 1967, il est nommé vicaire à la paroisse Saint-Jean-de-Matha de Montréal. Il sera aussi curé de cette dernière de 1969 à 1975 et président de la zone pastorale de ce coin du diocèse.
Entre temps, de 1967 à 1969, il est aumônier à la prison des femmes (Tanguay) et à la prison des hommes (Craig) de Montréal.
En 1975, il devient missionnaire au Guatemala et, en 1983, il est élu conseiller général de sa communauté à Rome. Il est le 21e canadien à accéder à ce poste. Pendant ces années, il se consacre à la cause des chrétiens persécutés pour leur foi. Il rédige de nombreux rapports qu'il remet, par la suite, au pape Jean-Paul II. Il revient au Canada en 1989.
De 1990 à 1993, il est aumônier à la prison à sécurité maximum pour hommes de Donnacona, près de Québec.
Depuis 1993, il est supérieur du monastère des Trinitaires de Granby. Il poursuit sa croisade pour venir en aide aux chrétiens persécutés à cause de leur foi au Christ. Il est responsable du dossier pour la communauté. Enfin, il est directeur du bulletin «La Voix de Jésus Nazaréen» et de la Fondation des amis du père Armand gagné qui œuvre à ramasser des fonds pour les missions et à la sensibilisation à la cause des chrétiens persécutés.
Benoît Voyer
(Revue Sainte Anne, Juillet-août 1996, pages 308 et 309)
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