6 décembre 2025

EN BREF

QUÉBEC 125: Projection du vote pour le Québec



QUÉBEC 125: Projection du vote dans la circonscription de Rousseau



POLITIQUE: A l’aube du troisième référendum ?

A l’aube du troisième référendum ?

Par Benoit Voyer

6 décembre 2025

Je ne m’en cache pas : je suis membre du Parti conservateur du Québec (PCQ). Pour faire une histoire courte, je suis de centre-droit politique pour les raisons suivantes : pour faire baisser le prix de l’essence et le coût du panier d’épicerie, pour qu’il y ait plus d’argent dans mes poches en baissant les taxes et les impôts, pour réduire la paperasse et la bureaucratie qui étouffent nos entreprises, nos agriculteurs et chacun de nous et pour améliorer l’accès aux soins de santé en additionnant la contribution du privé, sans frais pour le patient.

Aussi parce que je souhaite qu’en tout temps je puisse rester libre de mes choix lorsque j’achète une automobile ou que je fais mes emplettes et parce qu’il y a cinq ans, Éric Duhaime, le chef du PCQ, a dit vouloir que le PCQ cesse d’être un parti fédéraliste en faisant l’option du nationalisme.

Enfin, en 2023, j’ai également été séduit par la résolution 2.2 des membres au congrès national du PCQ : « Permettre aux citoyens d’organiser un référendum d’initiative populaire engageant le gouvernement. Pour ce faire, les organisateurs devront obtenir un minimum de 10 % de signatures de citoyens en âge de voter dans chacune des circonscriptions de la province du Québec. Un référendum devra se tenir le premier lundi du sixième (6ᵉ) mois suivant le dépôt de la pétition et la validation des signatures par le directeur général des élections. »

Cela dit, je suis obligé de me dissocier de la pensée d’Éric Duhaime qui ne souhaite pas entendre parler d’un référendum sur la souveraineté du Québec en affirmant haut et fort son allégeance au Canada.

Bien que je ne souhaite pas qu’il y ait un référendum en faveur ou non de l’accès du Québec à l’indépendance, nous devons nous y préparer advenant l’élection du gouvernement du Parti québécois (PQ) au scrutin de 2026
. Selon les sondages, ce parti de souche socialiste et woke remporterait une majorité de sièges à l’Assemblée nationale.

Lors du dernier référendum sur le sujet, l’Action démocratique du Québec (ADQ), dirigée par Mario Dumont, un parti politique de mouvance conservatrice, avait appuyé le camp du Oui. L’ADQ souhaitait un vote favorable afin de renégocier une entente constitutionnelle avec le Canada. Le modèle proposé favorisait la pleine autonomie des provinces au sein d’une véritable confédération d’États membres. L’idée demeure d’actualité et demeure à mes yeux la meilleure voie d’avenir pour le Canada. C’est pour cette raison que je demeure en faveur du référendum proposé par le PQ.

Les sondages disent que ce référendum sera perdant. Les chiffres du moment disent vrai. On le sait, l’opinion publique pourrait rapidement changer.

Si j’étais dans les souliers du chef du PCQ, je me réjouirais de la tenue d’un tel exercice démocratique parce que ses membres sont en faveur de référendums d’initiative populaire. De plus, que la conclusion soit positive ou négative, par la suite la raison d’être du PQ n’existera plus. Il n’y aura jamais plus de référendums sur cette question. Et le PQ pourra enfin disparaitre avec les derniers baby-boomers. On pourra alors se concentrer sur l’aide aux citoyens et on pourra continuer de rêver à visiter nos Rocheuses et les îles de neige du Nunavut.

Je me répète : je ne souhaite pas un troisième référendum sur l’avenir du Québec, mais il faut s’y préparer. S’il a lieu, je voterai en faveur de la nation québécoise.

EN LIBERTÉ: La vénérable Jeanne Leber


IL FAIT TOUJOURS BEAU: Joliette, hiver comme été


VISION CATHOLIQUE: Flavien Durocher (1800-1876)

Flavien Durocher (1800-1876)

Par Benoit Voyer

6 décembre 2025

L’arbre généalogique de Flavien Durocher est impressionnant. Il comporte des ancêtres et proches parents aux tempéraments forts. Quelques-uns ont marqué l’histoire.

D’abord, on retrouve de nombreux marchands influents et assez fortunés. En exemple, sa grand-mère Geneviève Marchesseau (1748-1777) est inhumée dans l’église paroissiale de Saint-Antoine-sur-Richelieu, un privilège réservé aux familles financièrement aisées.

L’arrière-arrière-arrière-grand-père de Flavien est Blaise Juillet (1611-1660), un des deux compagnons de Dollard des Ormeaux (1635-1660). Il est mort noyé le 19 avril 1660 près de l’île Saint-Paul en fuyant une attaque des Iroquois.

Geneviève Durocher, la mère de Flavien, a été « élevée » par sa tante Marie-Anne Mauvide (1736-1799), épouse du René-Amable Durocher (1737-1786), dans le manoir seigneurial de Saint-Jean, sur l’île d’Orléans. Le Manoir Mauvide-Genest [1] rappelle leur mémoire.

Son grand-père paternel, Olivier Durocher (1743-1821) était sur le champ de bataille, le 8 juillet 1758, lors de la victoire du général Montcalm a Carillon, sur le lac Champlain. Le fort de Carillon porte de nos jour le nom de Fort Tigonderoga et est situé dans l’actuel État de New York. Olivier, qui avait 14 ans, a mené le combat dans la troupe de Bourlamaque posté sur le Richelieu. Laissé pour mort, on se rend compte qu’il respire encore. Sans tarder, on le transporte. On lui sauve la vie. Plus tard, de 1786 à 1789, il sera marguiller à Saint-Antoine-sur-Richelieu et, de 1796 à 1800, député du comté de Surrey (Verchères). De 1800 à 1821, il vivra retiré chez son fils.

Son arrière-grand-père paternel est le médecin-chirurgien Olivier Durocher (1717-1795) qui a pratiqué la chirurgie à l’Hôtel-Dieu-de-Montréal.

Enfin, ses arrière-arrière-grands-parents paternel, Joseph Durocher (1681-1749) et Marguerite Leroy (1685-1749) sont originaires d’Angers, dans l’actuelle région de Maine-et-Loire, en France. Ils se sont mariés dans l’antique église-cathédrale Saint-Maurille, le 6 juin 1705.

Sa famille

La petite histoire du père de Flavien et de sa famille mérite une attention spéciale. Ses origines expliquent en grande partie l’exemplarité de sa vie chrétienne et de plusieurs de ses frères et sœurs.

Olivier Durocher (1771-1859) fait de bonnes études et se destine à devenir prêtre de l’Église catholique romaine. C’est son souhait le plus cher. Il sent en lui la vocation. Olivier est un homme de grande piété.

Le père d’Olivier s’objecte sur le choix de vie de son fils. Il n’est pas question qu’il devienne prêtre! N’ayant que deux enfants et un seul fils, il veut que son gars lui donne une descendance afin de perpétuer son nom. Ainsi donc, Olivier n’aura pas le choix de se marier. Le 20 janvier 1794, il épouse Geneviève Durocher (1768-1830), une petite-cousine, à Saint-Jean, sur l’île d’Orléans. Il deviendra cultivateur et s’établiront à Saint-Antoine-sur-Richelieu.

Olivier et Geneviève donnent la vie à onze enfants : trois mourront en bas âge, trois se marieront et cinq choisiront le célibat en devenant religieux ou religieuses. Faut-il s’en étonner? Olivier Durocher (1771-1859) a transmis sa grande foi en Dieu a ses enfants.

Séraphine (1809-1852), la sœur de Flavien, entrera dans la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, fondée par sainte Marguerite Bourgeoys.

Eulalie, a la demande de Mgr Ignace Bourget, fondera la communauté des Sœurs de Jésus Marie, destinée à l’enseignement des jeunes. Lors de ses vœux, elle prendra le prénom de Marie-Rose. Reconnue pour sa sainteté, elle a été déclarée « bienheureuse ». De nos jours, elle repose dans la cathédrale de Longueuil.

Théophile Durocher (1805-1852) sera notamment curé à Beloeil. À 20 ans, Eulalie Durocher y sera sa gouvernante pendant quelques années.

Eusèbe Durocher (1807-1879) étudiera au Séminaire de Saint-Hyacinthe. Il exercera son ministère dans cette ville avant d’entrer chez les Oblats de Marie Immaculée.

Puisqu’il est pensionnaire à Montréal pour ses études et que durant les vacances avec sa famille il visite ses oncles et ses tantes et, par la suite au loin pour son travail ecclésiastique, il connaître peu les plus jeunes de ses frères et de ses sœurs, dont Eulalie, la future bienheureuse Marie-Rose Durocher, née en 1811.

Ainsi donc, Flavien Durocher nait à Saint-Antoine-sur-Richelieu le 7 septembre 1800. Il est le fils d’Olivier Durocher et Geneviève Durocher, des cousins germains.

Prêtre
En 1817, Flavien Durocher entre au Grand séminaire de Montréal. Il n’a que 17 ans. Il y fait ses études en philosophie et en théologie et y enseigne jusqu’en 1823.

Le 29 septembre 1823, il est ordonné prêtre. Il sera vicaire à Notre-Dame, à Montréal, et à Trois-Rivières.

En 1827, il entre chez les Sulpiciens. Continuera d’enseigner jusqu’en 1929 et travaillera auprès des algonquins, à Oka, jusqu’en 1843.
Dans les premiers jours de 1830, Geneviève Durocher, sa mère, est atteinte d’une grave maladie. Tout espoir de guérison s’évanouit. Il ne faudra que deux semaines pour que son dernier souffle arrive.

En 1895, dans Fidelis (chapitre 1, note 64, p.94), une œuvre sur la vie de la bienheureuse Marie-Rose Durocher, sa sœur cadette, l’auteur écrit : « Au dernier moment, la famille, a l’exception de la religieuse, entoura le lit de la mourante. Le curé de la paroisse la confesse; puis Flavien qui était prêtre lui administra les sacrements d’eucharistie et d’extrême-onction ». La religieuse absente c’est Séraphine. Ce départ sera difficile pour tous ses enfants.

En 1843, Flavien entre chez les Oblats de Marie Immaculée, communauté fondée par saint Eugène de Mazenod et installée dans diocèse de Montréal depuis le 2 décembre 1841, à la demande de Mgr Ignace Bourget. Il y poursuivra son travail auprès des autochtones. Il sera longtemps curé de la communauté Innu de Betsiamites, devenue, de nos jours, Pessamit.

Il terminera son parcours à Québec ou il fondera et dirigera, notamment, la paroisse Saint-Sauveur, en plus d’y diriger sa communauté religieuse.

Le père Flavien Durocher décède à Québec le 7 décembre 1876.

Un saint?
Sur la rue Saint-Vallier, à Québec, le Parc Durocher est nommé en sa mémoire. En 1912, on y érigera un monument le représentant. On y écrira : « Prêtre zélé, religieux parfait, il fur le pasteur charitable ». A la suite de la canonisation de sa sœur, il faudrait songer à faire une étude de sa cause.

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[1] www.manoirmauvidegenest.com

PAROLE ET VIE animée par Roland Leclerc No 6 (1993)


Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 6 (1993)

 Au programme: 
1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: Le Deutéronome; 
2- Les Catholiques de rite syriac; 
3- Lorraine Caza: La femme adultère; 
4- Le courrier de l'évêque: Mgr Bernard Hubert, évêque de Saint-Jean Longueuil; 
5-Le COPAM (le Comité de partage et d'amitié); 
6- Les moines cisterciens de Rougemont chantent l'hymne de la Visitation; 
7- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle de la bonne sainte Anne; 
8-La troupe de théâtre Émotion dans le diocèse de Joliette; 
9- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: Le pardon; 
10- Chronique Sur les rayons avec Charlotte Sassville: Proposition de quelques livres. 
11- Les enfants et la télé - Une réflexion de Pierre Bélanger; 
12- La comédien Paul Buissoneau lit un extrait de la bible.

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Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 06 (Fonds Benoit Voyer) 
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby

PAROLE D'Éric Duhaime


 

NATURE: Le Centre d'interprétation de la nature du Lac Boivin, a Granby


Le Centre d'interprétation de la nature du Lac Boivin, a Granby

AU COEUR DE LA PAROLE: 2e dimanche de l'Avent B


20231208 Benoit Voyer Au coeur de la Parole 2e dimanche de l'avent B

LE PRÉSENT DU PASSÉ: Léon-Pierre Étier

Léon-Pierre Étier


Du sida du corps au sida de l'âme

À la demande de son médecin, Léon-Pierre Étier vit maintenant retiré. Depuis quelques semaines, il a quitté son travail auprès des sidéens. Il a réalisé un apostolat missionnaire considérable. Il est un véritable pionnier au chapitre de l'accompagnement spirituel des sidéens en phase terminale. Léon-Pierre Étier est un modèle à imiter. Au moment d'entrer dans la réclusion, il a accepté de rencontrer la Revue Sainte Anne pour raconter son itinéraire.

Pauvre parmi les pauvres. Rejeté parmi les rejetés. Voilà la vie de Léon-Pierre Étier. Pendant 9 ans, il s'est occupé des sidéens à l'approche de la mort, en plein centre-ville de Montréal.

La maladie n'était guère sa principale préoccupation. La médecine fait tout en son possible afin de trouver des médicaments pour améliorer la condition physique des malades.

Son travail a été de présenter «Jésus modèle de la route à suivre» et accompagner spirituellement les sidéens de la vie à la mort physique et de la mort physique à la vie après la vie, au royaume des bienheureux du ciel

Le thème de la spiritualité chez les sidéens n'est guère très à la mode au Québec. Parmi des centaines de titres traitant du sida, conservés à la Bibliothèque nationale du Québec qui possède la plus importante collection de livres édités dans la belle province, aucun ne traite d'approche spirituelle

Tu vas attraper le sida!
«C'était un soir, il y avait des funérailles pour un sidéen. Les cendres étaient sur la table. Au baiser de paix, il y avait là un bonhomme qui avait l'air d'un cure-dent. Je me suis senti attiré vers lui, alors que nous étions près de 80 dans cette grande salle. Au moins 50 étaient porteurs du virus. J'ai été vers lui. Je l'ai pris dans mes bras. Je lui ai souhaité la paix de Jésus. Je l'ai embrassé et j'ai entendu à l'arrière de moi: «Attention, tu vas attraper le sida!» Comme je venais de l'embrasser sur les deux joues - il y avait plein d'herpès et de sang dans la figure -, je l'ai embrassé encore une fois sur chaque joue. Je lui ai dit: «Je t'aime et Jésus t'aime encore plus que moi». Il m'a fait un beau sourire ... Lorsque je suis dans la tristesse, je pense à lui et tout disparaît. Ce jour-là, j'ai vu en lui la sainte face de Jésus», raconte Léon-Pierre qui, depuis cet événement, n'a plus peur des sidéens et du sida.

Durant ces années de dévouement, il a accompagné 610 malades. Une vingtaine d'entre eux sont décédés dans ses bras. Cela semble héroïque de sa part, mais ça n'a pas été très facile à vivre pour lui.

Daniel, qui a rendu l'âme le 4 décembre 1988, est de ce nombre. Il s'en rappelle comme si c'était hier. Celui-ci a même hanté ses rêves pendant un long moment. Aujourd'hui, il a la certitude qu'il est en paix.

Il y a aussi Denis. Son histoire est unique. «Le père de Denis n'acceptait pas que son fils soit homosexuel», poursuit l'homme de 62 ans au verbe facile. «Il est venu le visiter quatre fois avant sa mort. Après son décès, il m'a dit: «Je veux mourir comme mon gars». Tu veux mourir comme une tapette !? lui ai-je demandé. Il m'a répondu: «Oui!» Cet homme a été rejoint par les attitudes de son fils. Au moment de sa mort, Denis disait: «Je tiens la main de mon chum. Il est tellement beau mon Jésus ... » Lorsque son père le visitait, il répétait les mêmes paroles: «Tais-toi papa, je tiens la main de mon chum ... qu'il est beau !.. qu'il est beau !... » Deux semaines avant de mourir, Denis s'est confessé et est allé à la messe.

Ghislain Robert est celui qui a le plus marqué sa vie. Il en parle comme un père parle de son fils. «J'ai vécu avec lui une profondeur spirituelle que je n'ai jamais vécue avec un autre sidéen.»

Ce chic homme qui a été la victime d'un pédophile à l'âge de 9 ans - un ami de la famille - a souvent suivi Léon-Pierre Étier dans ses tournées d'un bout à l'autre du Québec. Il parlait de sa maladie, de sa vie et de la foi en Dieu qui l'habitait.

«Pendant 3 ans, j'ai visité 45 000 jeunes dans les écoles secondaires. 4000 m'ont écrit à peu près la même chose: si tu es venu juste pour moi, tu m'as sauvé ... Je vais suivre tes conseils. Dernièrement, j'ai refusé l'invitation de 51 écoles parce que je suis malade. J'ai des pierres aux reins», dit-il, fier de son exploit et déçu de ne point pouvoir y donner une suite.

Le sida, l'affaire de tous
Pour lui, le sida n'est pas seulement l'affaire des homosexuels et des plus pauvres de la société. Toutes les classes sociales sont touchées. Les gens ont honte de cette maladie. Les décès par cause du sida sont souvent annoncés sous le couvert du cancer ou d'autres maladies.

«Condom du fun»
Le condom protège un peu des infections, mais n'empêche pas toujours la contamination des partenaires sexuels. Le latex contient des très petits trous; trop petits pour laisser passer les spermatozoïdes, mais assez gros pour le virus du sida.

Le meilleur moyen de ne pas attraper le virus est l'abstinence. Ce n'est pas d'éducation sexuelle que les jeunes ont besoin, mais d'une éducation à l'amour. Aimer, c'est savoir attendre l'autre. Néanmoins, pour les aventures compulsives, 2 épaisseurs de latex est mieux que rien.

Enfance
Léon-Pierre Étier est né d'une famille de 13 enfants. Son père était alcoolique et très intransigeant. Il a souvent fait pleurer sa mère.

Comme tous les membres de sa famille, à 15 ans, il est allé «bummer» dans les rues de Montréal. Pendant 3 ans, il a fait une vraie vie de clochard

Il confie: «Il y a 45 ans, lorsqu'on bummait, on avait pitié de nous autres: c'est un mendiant, un petit de la rue, c'est un pauvre! Alors on nous accueillait, on nous gardait dans une petite chambrette pour dormir l'hiver. L'été nous couchions dehors. J'aimais bien fouiner d'un bord à l'autre, à me déniaiser ... C'est comme ça que j'ai visité une partie de la province de 15 à 18 ans. J'étais un clochard, un bumm ... Pis j'aimais ça! J'étais bien dans ça!

Vie en communauté
Son cas n'était pas désespéré. En 1954, il entre en communauté. Il avait 18 ans. Huit ans plus tard, juste avant de prononcer ses voeux, il sort de la congrégation. «En arrivant chez moi, mon père m'a dit: «Tu es un défroqué! Tu es le déshonneur de la famille! Retourne donc dans la rue!», ajoute-t-il. Il passe 6 autres mois à vagabonder.

En novembre 1962, il prend la ferme résolution de se suicider. Son projet allait changer.

Il poursuit: «J'entre dans une église. Il y avait là un prêtre qui prêchait. Il m'a touché. Après la cérémonie, je suis allé le rencontrer. Il m'a fait entrer dans son groupe religieux. Mais ... Je trouvais ça trop riche. Alors il m'a dit: «Je vais t'envoyer dans une communauté qui ramasse n'importe quoi» Si au moins il m'avait dit: ... N'importe qui! J'y suis entré et demeuré pendant 14 ans. C'était une congrégation semi-contemplative.»

Diaspora
Il est sorti de la congrégation dans le but de devenir diacre permanent dans un diocèse où l'évêque du lieu le désirait pour travailler. Le berger diocésain l’a aidé à être relevé de ses voeux perpétuels. Après quelques mois de formation universitaire, il perd l'évêque qui décède ... Son projet est tombé à l'eau.

Cependant, il deviendra agent de pastorale. Pendant 8 ans, il s'occupera des clochards, des pauvres, de la Saint-Vincent-de-Paul et des jeunes de la rue. Durant ces années, il passe également 6 mois en France à l'Arche de Jean Vanier.

Au décès de la deuxième épouse de son père (sa mère est décédée en 1974), en 1980, il décide volontairement de retourner vivre dans la rue. Il se donne douze mois à temps plein pour toucher du doigt les souffrances morales des jeunes de la rue. Depuis ses derniers séjours prolongés au grand air, la vie de clochard n'offre plus le même confort et la même joie de vivre. Les problèmes sociaux ne sont plus les mêmes après tant d'années.

En 1981, il commence une série d'expériences: 3 mois à la Famille Myriam Beth'léem à Baie-Comeau, 3 mois à Hauterive au service de la prévention du suicide, 3 mois à la Trappe de Mistassini, 3 mois à Sutton avec les alcooliques et un séjour un peu plus prolongé au monastère des Trinitaires de Granby à travailler auprès du père Jean-Paul Regimbal (voir l'édition de mai de la Revue Sainte Anne). Il retourne finalement à Montréal pour s'occuper des jeunes de la rue jusqu'au jour où il fonde une fraternité pour les sidéens.

Un vrai «bumm»
«Je suis un vrai bumm! Bummer est une vocation spéciale! On a la liberté! On n'a pas un dollar dans ses poches, mais on a tout!», lance-t-il promptement.

Aux femmes? Aux hommes?

La question de l'orientation sexuelle d'une personne est toujours délicate à aborder. Léon-Pierre Étier n'a pas hésité l'ombre d'un instant à dire sa préférence pour la gent féminine.

Pendant de longues minutes, il parle des deux femmes qu'il a profondément aimées: À 17 ans, une étudiante en soins infirmiers qui a été expatriée de Montréal à Québec chez une tante puisque ses parents s'objectaient à cette relation et, à 26 ans, à sa sortie de communauté, une certaine fille d'avocat. Encore une fois, à cause de la famille de la jeune fille qui ne voulait guère du jeune Léon-Pierre dans le clan familial parce qu'il n'était pas du même rang social, l'histoire amoureuse prend fin. La première s'est finalement mariée et, la seconde, il n'en a jamais eu de nouvelles (lorsqu'il parle de cette dernière, ses yeux et sa voix s'emplissent d'émotions). Il a visiblement encore plein de tendresse pour elle.

Des saints sidéens
«Il faut faire cheminer les âmes vers Dieu. Le Seigneur a mis dans mon cœur que ces malades ont plus besoin de la lumière éternelle que de simples soins du corps. C'est vrai qu'il faut les soigner physiquement, mais le soutien moral est très important pour ces personnes qui bien souvent ont été délaissées, mises de côté à 15-18 ans et qui ont dû cheminer dans une voie qui n'était pas celle qu'ils désiraient pour gagner un repas ou un coucher le soir», explique-t-il.

Il conclut: «À travers tous mes amis, les malades du sida, je découvre Jésus. Je découvre un Jésus à l'agonie quand ils apprennent qu'ils sont porteurs du virus du sida; je découvre un Jésus crucifié lorsqu'ils avancent leur maladie; et, je découvre un Jésus ressuscité au moment de leur départ vers le Père et qu'ils me disent: «Tu sais, j'embrasserai Jésus pour toi!» Ce qu'ils attendent de nous, c'est un regard de tendresse et d'amour.»

Benoît Voyer

(Revue Sainte Anne, juillet-août 1998, pages 295 et 317)