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Le sentier qui conduit au ravin |
26 septembre, fête des saints martyrs d'Amérique
Dieu se cache à Auriesville
Par Benoit Voyer
25 septembre 2025
Mystique. Intérieur. Troublant. Voilà les simples sentiments qui m'habitent en marchant sur le petit sentier qui mène au ravin où a été tué sauvagement saint René Goupil, martyr de la Nouvelle-France, le 29 septembre 1642. Un périple touchant qui m'a transpercé l'âme. C’était en 1998. Je m’en souviens comme si c’était hier [1].
Ce lieu naturel, farouchement bien conservé, est situé à quelques mètres du sanctuaire Notre-Dame-des-Martyrs d'Auriesville, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Albany dans l'État américain de New York, soit à un peu moins de 5 heures d'automobile de Montréal, via l'autoroute canadienne 15 qui débouche sur la 87 américaine et l’« interstate » nᵒ 90.
Ce sanctuaire consacré aux martyrs d'Amérique a été bâti sur le site du village Mohawk d'Ossernenon, sur les rives de la rivière Mohawk, le même petit hameau où est née la bienheureuse Kateri Tekakwitha, en 1656. Avant la guerre de l'Indépendance américaine (1776-1782), ce territoire appartenait à notre pays. Ces martyrs sont donc ceux du Canada.
Ossernenon est le village iroquois où arrivent les prisonniers René Goupil et Isaac Jogues, le 14 août 1642. René Goupil est tué en dehors du village, le 29 septembre 1642, alors qu'il récite le Rosaire avec Isaac Jogues. Le martyr débute alors qu'ils viennent de terminer leur 4ᵉ dizaine. Le père Jogues parvient à s'échapper et rentre en France, puis il revient travailler dans les missions de la Nouvelle-France en 1644.
En 1646, il retourne à Ossernenon, comme ambassadeur de paix du gouvernement français. Sa première visite est couronnée de succès, mais lors de sa deuxième mission en octobre 1646, il est martyrisé et tué avec son compagnon Jean de la Lande. Jogues meurt le 18 octobre 1646 et de la Lande, le jour suivant.
Le lieu du sanctuaire est rustique, simple et sans prétention. Le touriste qui s'y rend dans le but de découvrir une destination touristique risque d'être bien déçu puisqu'il n'y a pas de superbe basilique à visiter, malgré l'impressionnant « coliseum » construit en rond pouvant contenir jusqu'à 6000 personnes.
C'est en pèlerinage aux sources de notre histoire et de notre foi en terre canadienne qu'il faut s'y rendre. C'est avant tout un lieu de prière et d’intériorité.
À proximité du lieu, à Fonda, il y a la petite chapelle où a été baptisée sainte Kateri Tekakwitha, quelques mois avant son exil à Kanawake, jadis établi sur l’actuel territoire de la municipalité de La Prairie, sur le bord du fleuve Saint-Laurent.
Le pèlerinage accompagné d'une démarche d'intériorité procurera un grand bien à l'âme. Je l'affirme, Dieu se cache à Auriesville. Dieu est là, pas très loin du ravin. Il suffit de s'y rendre, de s'intérioriser et de se laisser pénétrer par sa présence.
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[1] La première version de ce texte a été publiée dans la Revue Sainte Anne, octobre 1998, page 418