26 décembre 2025

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LE MOT DU JOUR: Comment priez-vous ?



20231227 LE MOT DU JOUR - Comment priez vous

LE PRÉSENT DU PASSÉ: Christian Beaulieu

Christian Beaulieu


Un visage d'enfant aux yeux de Dieu

Benoît Voyer


« Il n'y a jamais rien d'acquis pour moi à cause de ma timidité. Je suis toujours obligé de me battre pour retrouver confiance. Le p'tit gars qui habite en moi revient vite prendre place avec ses peurs et ses angoisses », raconte Christian Beaulieu.

Étonnante confidence de ce prêtre catholique qui parcourt le Canada francophone pour propager à sa façon le message de l'Évangile. Il parle avec verve et audace. Pourtant ce n'est pas ses paroles qui touchent le cœur des gens, ce sont ses yeux bleus d'où transparaissent une grande bonté, une grande compassion, une grande tendresse. Il est fréquent d'entendre à son sujet: « Lorsqu'il m'a regardé, j'ai croisé le regard de Jésus! »

«Il y a une force dans ma fragilité. Il y a une puissance dans mon impuissance. Étant donné que je vis avec des gens avec une très grande souffrance, je suis toujours confronté à affronter mon impuissance. Il faut que je sache me réfugier dans le cœur de Dieu où je vais retrouver la paix, la sérénité, la confiance et où je vais m'abandonner. L'abandon n'est vraiment pas naturel pour moi. Je vais facilement parler du lâcher prise dans les conférences, mais si j'en parle autant que ça c'est parce que c'est à chaque jour que je dois aller rechercher personnellement ce lâcher prise et faire un combat intérieur pour arriver à l'abandon », ajoute-t-il.

La souffrance des autres nous ramène toujours à notre propre vulnérabilité Christian Beaulieu ne cesse de l'expérimenter. C'est une grâce que les marginaux lui font, car leur fragilité l'aide à apprivoiser la sienne. Tant de gens disent « Le cheminement spirituel est comme un escalier que l'on monte », mais pour l'abbé Beaulieu, le cheminement spirituel et humain est un escalier que l'on descend, car pour toucher sensiblement la grandeur du cœur de Dieu, il faut être en contact avec sa petitesse et sa faiblesse. Il faut donc descendre profondément en soi.

Les apparences peuvent tromper. Devant un public, Christian Beaulieu semble être fort, solide, sûr de lui et d'un positivisme hors de l'ordinaire. Pourtant, il lui arrive d'être déçu et de traverser des moments de désarroi. « C'est souvent ce qui me plonge dans la prière à corps perdu. Même si je suis un homme d'action, énergique et dynamique, je suis un homme de prière. Je me donne quelques heures par jour, et j'y tiens! C'est là que ma peine passe, c'est là que mes forces se refont, c'est là que je puise l'énergie pour retrouver la joie de vivre », raconte-t-il.

Son expérience spirituelle est contagieuse et touche le cœur de centaines et de centaines de personnes depuis qu'il est prêtre. Grâce à son intervention, bien des gens ont retrouvé le goût de vivre. Être prêtre n'est-il pas être « médecin de l’âme »?

Saisi par le Christ
Christian Beaulieu est né le 22 mai 1941 à Saint-Hubert, près de Rivière-du-Loup au Québec, comme ses parents et ses grands-parents. Il est le 5e enfant d'une famille qui en compte 13. À l'âge de 7 ans, il émigre à l'île d'Orléans, à quelques minutes de Québec. C'est là qu'il passe toute sa jeunesse.

« J'ai été enraciné dans les choses de la nature, de l'accueil, de la fête, de la célébration qui étaient communiquées naturellement au sein de ma famille. C'était un milieu avec une foi proche de la vie et où l'esprit de famille était très fort », confie le jovial homme.

À l'école, il n'a rien d'un élève brillant. Il a bien des difficultés. D'ailleurs, tout au long de sa jeunesse, le petit Beaulieu n'aime pas beaucoup le milieu scolaire Lorsqu'il a pris conscience - à travers sa foi - que Dieu a besoin de nous, tout a changé: « J'ai découvert que la foi ce n'est pas simplement croire en Dieu, mais c'est aussi croire qu'il croit en nous! Cela m'a vraiment touché! Ma rencontre avec Jésus Christ a eu un très grand impact dans ma vie. J'ai été comme obligé de sortir de ma timidité, de ce complexe d'infériorité que j'avais. »

Devenir prêtre
C'est vers l'âge de 20 ans qu'il décide de devenir prêtre. Il n'y avait jamais songé sérieusement avant ce temps parce que l'image du clerc qu'il avait était celui du professeur et du curé en paroisse. Cela ne l'appelait guère.

Il voulait devenir criminologue. Pour parvenir à payer ses études, il se rend enseigner dans la région de Sherbrooke: « Et c'est là que j'ai commencé à travailler avec les jeunes dans les parcs et les prisons. Et ce sont eux qui m'ont interpellé: « Pourquoi ne deviendrais-tu pas prêtre? Parle-nous de ton bonheur? Pourquoi es-tu heureux? Pourquoi ne pas donner ta vie aux jeunes? Ils m'ont éveillé l'esprit. »

Cependant, c'est surtout grâce à l'intervention du père Henri Roy, le fondateur de la Jeunesse ouvrière catholique canadienne (J.O.C.) et de l'Institut séculier Pie X, qu'il décide de faire le grand saut. En lui, il a vu qu'il est possible de devenir un prêtre au service de la jeunesse et que le prêtre peut prendre des initiatives pour ouvrir de nouveaux champs d'action. Le célèbre père Roy lui a communiqué l'amour de la 100e brebis, celle qui est égarée. Être le pasteur de l'enfant prodigue, voilà enfin une mission qui répondait à ses aspirations intérieures.

«Une rencontre avec cet homme nous marquait pour la vie. C'était un homme de Dieu! Il était capable de voir le travail qu'il réalisait à l'intérieur de nous. Il disait souvent: "Tu as rencontré Jésus! Alors parle de Jésus et rayonne Jésus!" », se souvient-il

Toute sa vie, il se souviendra de cette prière d'Henri Roy: « Seigneur, que tous ceux qui me voient te voient et te rencontre pour toujours ». Il redit souvent ces mêmes paroles dans le secret de son cœur. C'est bien plus qu'une prière toute faite! C'est son plan de vie.

Christian Beaulieu a été ordonné prêtre le 9 juin 1968, à Québec, dans l'Institut séculier Pie X.

Travail apostolique
Pendant près de 20 ans, il sera des dirigeants du mouvement La Rencontre. C'est dans ce regroupement apostolique qu'il découvre ses talents de conférencier.

Il a écrit de nombreux livres dont « Ma blessure est tendresse », « Jeunes, amour et sexualité », « Cœur blessé, espère! » et « Si on mettait le feu ».

Il y a une dizaine d'années, il a fondé le Pharion pour venir en aide aux jeunes alcooliques et toxicomanes de 18 à 30 ans

Il anime des retraites spirituelles et donne des conférences où on le demande.

Il assume la direction de l'Institut séculier Pie X (la Revue Sainte Anne publiera un article sur ce sujet dans sa prochaine édition).

Il ne chôme pas!
«Ce qui fait que les gens souffrent tant c'est souvent parce que leur souffrance n'a pas de sens. Alors, je veux donner un sens à leur vie et à leur souffrance. Je veux passer comme un aigle dans la vie des gens pour leur donner le goût de se faire des ailes, pour leur donner de croire au large, à l'infini, à œuvrer... », explique cet homme enfant aux yeux de Dieu.

Une personnalité en demande
« Tu es une personnalité! Est-ce que tu trouves cela difficile d'être une "vedette du monde catholique"? » lui demande le représentant de la Revue Sainte Anne. La réponse ne vient pas facilement. Il doit creuser en lui pour trouver la réponse. Après quelques secondes, il répond: « À une époque, cela me mettait une pression terrible! Je voulais toujours être à la hauteur de la situation. Et là, je jouais un personnage. Depuis plusieurs années, j'ai accepté que les gens puissent demander, puissent avoir des attentes, mais je ne réponds pas toujours aux attentes. Je suis devant eux comme un enfant, alors j'enlève toutes formes de pressions sur moi ».

Pendant cette période où il jouait un personnage, il a souvent négligé ses moments de cœur à cœur avec Dieu. Maintenant, il ne manque plus ces précieux instants d'intimité. « Ma source doit d'abord être prise dans ma relation avec Dieu ... et avec moi-même », conclut Christian Beaulieu. Dieu est le seul refuge où se calment ses peurs et ses angoisses. C'est grâce à Lui qu'il peut vraiment rayonner Jésus 

(Revue Sainte Anne, juillet 1999, page 295)