HISTOIRE: Au lac de l’Est, en décembre 1930
Par Benoit Voyer
22 décembre 2025
En 1930, dans le Haut-Pays du Kamouraska, sur les terres publiques de Mont-Carmel situées sur la rive est [1], un groupe d’hommes et de femmes forme une petite communauté nommée la « mission du lac de l’Est ». Pendant que les hommes travaillent à exploiter la forêt pour le compte des frères Plourde, les femmes s’occupent de leurs marmailles. Du 19ᵉ siècle jusqu'aux années 1960, le lac est utilisé par l'industrie forestière pour l'alimentation des moulins à scie et le flottage du bois.
Le secteur est également habité par quelques familles de la première nation Wolastoqiyik, communément appelée « les Malécites ». Les Wolastoqiyik l’appellent le lac Kijemquispam. Ce nom apparaitra pour la première fois sur une carte toponymique en 1944. Il s’agit d’un mot en wolastoq, la langue parlée par les Wolastoqiyik.
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| La chapelle |
Bien installé sur la grève, le lac de l’Est est une place magnifique pour la pêche. L’eau est claire et y vivent de nombreuses espèces de poissons délicieuses à savourer, notamment le touladi, l'omble de fontaine, la perchaude, le corégone, la ouananiche et la lotte.
Le lac est situé sur la frontière canado-américaine. De l’autre bord, au loin, c’est le comté d’Aroostook, dans l’État du Maine. La municipalité américaine la plus proche est Allagash.
En canot, si on suit le courant des eaux, on naviguera sur le petit lac de l’Est et la rivière Chimenticook, un affluent du fleuve Saint-Jean.
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| Gabriel, Isabelle et Roméo Voyer a lac de l'Est |
Leur maison en bois est construite au centre de la propriété. Sur le bord de la maison, Alice Chenard, la mère de famille, y a planté quelques fleurs, des « annuelles ».[2].
C’est à cet endroit, au cœur de la forêt enneigée, que le 23 décembre 1930 Alice donne naissance à Roméo, qui sera le dernier marmot du couple. Après les douleurs de l’accouchement, le « p’tit Méo » sera rapidement entouré de ses frères et sœurs : Camille, l’aîné né en 1912, Jean-Marie, Madeleine, Isabelle, Germaine, Rachel et Gabriel. Jeanne-Mance n’a vécu que quelques heures.
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| Roméo a lac de l'Est |
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[1] Le Lac de l’Est, Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_de_l%27Est_(Kamouraska)
[2] Lors de ma visite du site, en 2013, elles étaient les reines du site puisque la maison n’existe plus.
[3] Né le 19 octobre 1897 et décédé le 12 février 1960. Inhumé dans le cimetière de Saint-Philippe-de-Néri
[4] Née le 24 juillet 1906 et décédée le 21 mars 1976. Inhumée dans le cimetière de Saint-Philippe-de-Néri
[5] En 1932, Edgar et Alice seront les parrain et marraine de leur fille Bartha Lizotte
[6] Le Peuple, 9 janvier 1931, p. 1 - numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4020518?docsearchtext=le%20peuple%209%20janvier%201931
VISION CATHOLIQUE: La première crèche
Par Benoît Voyer
22 décembre 2025
En 1223, à Rome, François d'Assise obtient la permission du pape d'aller a Greccio pour célébrer la naissance de Jésus, convoquer ses frères et inviter les gens de cette région à fêter cet événement.
C'est son ami, le chevalier Vélita, qui s'occupe des préparatifs. Tout est réalisé selon les instructions données par François: un autel dressé en plein air, une crèche, un bœuf et un âne. Cela représente de façon simple l'étable de Bethléem où naquit le Christ.
Quand arrive minuit, les Frères mineurs s’en vont vers le bois avec une foule de montagnards qui portent des torches et quelques instruments de musique. Lors de cette humble célébration, le saint d'Assise remplit l'office de diacres et prêche simplement.
C'est, malgré tout, aux Jésuites et aux Oratoriens que nous devons les crèches que nous connaissons aujourd'hui. Ce sont eux qui ont particulièrement travaillé à sa promotion. Ils répondaient ainsi à deux préoccupations de l'époque, soit de s'opposer à la Réforme protestante, car les auteurs de la grande division s'acharnaient à vouloir détruire les images pieuses - le peuple catholique, pour argumenter, allait les multiplier - arrêter la « Célébration des mystères ». Cette fête s'éloignait souvent de la tradition biblique et des directives du clergé.
Plus tard, Ignace de Loyola précisera davantage le sens de la crèche: « Voir le lieu. Ici, par le regard de l'imagination, voir le chemin de Nazareth à Bethléem. Regarder aussi, l'emplacement de la grotte de la Nativité; si elle était grande ou petite, comment elle était préparée ».
Ignace poursuivait: « Voir Notre-Dame, Joseph, la servante et l'enfant Jésus après qu'il soit né ... Et, moi qui les regarde, qui les contemple et les sert dans leurs besoins, comme si je me trouvais présent ... Et réfléchir, ensuite, en moi-même afin de tirer quelques profit ».
Depuis cette noble époque sont apparues, selon les régions du globe où elles sont fabriquées, des crèches aux multiples variantes. Au Canada, elles auront de la neige, aux Philippines un air amérindien et sur le continent noir, les personnages seront africains.
LE PRÉSENT DU PASSÉ: Benoit Houle
Benoît Houle
L'authenticité, l'amour des autres et la douceur sont de grandes qualités intérieures de Benoît Houle, co-fondateur, avec l'abbé Gérard Bossé, de l'Auberge Sous mon Toit de Granby. Il est timide, discret et très modeste.
Depuis 28 ans, c'est à son ami prêtre qu'il renvoie tous les éloges adressés à cet important organisme consacré aux jeunes hommes de 18 à 30 ans. Pourtant, la petite maison de chambres est devenue ce qu'elle est aujourd'hui grâce à ses innombrables heures de travail.
Benoît Houle est né le 2 mai 1949 à l'Hôpital Saint-Joseph (Centre hospitalier de Granby). Il est le 7e marmot de Clémentine, une ex-sage femme, et de Ernest Houle, un journalier, décédé l'an dernier. Le couple a donné la vie à quinze magnifiques enfants.
Il a grandi au 15, rue Bérard où sa mère habite toujours la maison familiale. Cette maison est située au cœur de la paroisse Saint-Benoît de Granby. C'est d'ailleurs à cause de cette église où il a été baptisé (dans les premiers de cette paroisse) qu'il porte son prénom. Après ses années scolaires à l'école Saint- Benoît de Granby (primaire) et au Collège des Maristes d'Iberville (cours classique), il abandonne ses études et devient journalier, comme son père. « Lorsque j'ai terminé ma 11e année ma mère m'a dit: pour un gars, c'est assez une 11e année! Pour les filles, elle disait qu'une 9e année suffisait», dit-il.
Après deux ans et demi, il se lance en informatique à la Laiterie Leclerc. « C’étaient les premiers ordinateurs. Ils étaient gros comme trois réfrigérateurs (!) avec de grosses bobines et des lecteurs avec cartes perforées », se souvient l'homme à la moustache.
De la J.O.C. à l'Auberge
Suite à l'invitation d'un ami de l'usine et les bonnes recommandations de sa mère qui avait déjà été membre de la Jeunesse ouvrière catholique (J.O.C.), il se joint au début de la vingtaine à ce mouvement. Rapidement, il devient président de la section locale de l'œuvre. À l'automne 1970, l'idée de bâtir une maison d'hébergement surgit au sein de la cellule de réflexion. Rapidement, une enquête sur la pauvreté débute dans la localité granbyenne. Un sondage est organisé auprès de tous les organismes de la municipalité. Tous sont consultés sur le projet. Puisque le groupe se montrait ouvert aux idées des gens, la population a appuyé la naissance de ce qui allait devenir l'Auberge Sous mon toit. Il n'y a pas eu d'opposition au projet. Le 1er mai 1971, Benoît Houle quitte son emploi pour se consacrer entièrement à l'œuvre.
« Lorsque j'ai vu l'annonce que nous pourrions avoir une subvention gouvernementale, j'ai abandonné mon emploi et j'ai dit à l'abbé Bossé: moi, je vais m'occuper de ce projet à plein temps! L'abbé fut surpris de cette décision impulsive, mais n'a pas dit non. Puisque nous avions ramassé un peu de dons en argent, l'abbé m'a dit: on va te donner 50$ par semaine pour être capable de vivre », se rappelle-t-il, toujours passionné par ce projet qui lui tient à cœur comme à cette époque.
Il poursuit: « J’ai travaillé pendant huit mois au projet de l'auberge avant son ouverture, le 1er novembre 1971. Nous n'avions pas encore de pensionnaires. Nous quêtions des dons en argent et en meubles. Nous avons visité plusieurs maisons d'hébergement un peu partout au Québec pour connaître les problèmes qu'elles vivaient afin d'éviter les mêmes erreurs. C'est là que j'ai appris qu'il ne faut jamais mettre deux gars dans la même chambre! Deux mois après l'ouverture, notre centre pour les hommes était plein à craquer! »
Un port d'attache
Lorsque le jeune arrive à l'Auberge Sous mon toit, il n'a plus de ressources où se tourner: il a été mis à la porte de son logement ou il n'a plus un sou en poche tentant de survivre avec un maigre chèque du ministère de la Sécurité du revenu du Québec. Il est révolté face à la société et ne sait pas comment se trouver du travail. À d'autres moments, il arrive déprimé, voire en situation de dépression.
Comment aider un jeune homme à se sortir de la misère? « Il faut créer un port d'attache. À cet âge, les parents ne comptent plus. Pour le gars qui est ici, la famille n'existe pas vraiment. Il commence à changer quand le sentiment d'appartenance à l'Auberge devient fort. La maison devient un port d'attache. Il pourra naviguer bien loin sur la mer de la vie, mais saura qu'il y a un port où il peut accoster lors de tempêtes », explique Benoît Houle.
Le matin de l'interview, un gars en réhabilitation à la suite d'un méfait public et qui habite à l'Auberge lui expose son questionnement: « Dans un mois, je vais avoir ma libération conditionnelle. Je ne sais pas si je dois retourner à Québec (son lieu d'origine) ou si je dois aller à Trois-Rivières où est ma fille de seize mois ». Il lui répond: «Écoute! Si tu t'en vas sur la route et qu'il y a de la brume, il ne faut pas prendre une route au hasard. Ce qui me paraît simple est de rester là où tu es. À un moment donné, la route va s'éclairer et tu vas savoir la route qu'il faut prendre. Une bonne décision n'est jamais facile à prendre! Il faut que cela coule comme une rivière! » C'est ce que l'homme en réhabilitation a décidé de faire.
Pour créer la confiance
La recette de Benoît Houle pour créer un lien avec une personne est simple: il s'agit de dépasser la limite de ce qui paraît normal.
Il y a quelques mois, un autre résident lui demande d'aller le conduire en automobile à quelques minutes de l'Auberge pour faire de l'auto-stop jusqu'à la ville voisine. Benoît Houle lui propose de l'accompagner jusqu'à sa destination pour lui éviter de perdre du temps à « faire du pouce », de l'attendre et de revenir avec lui. « Le gars a tellement été touché par ce simple geste qu'il m'a rendu ce service des dizaines de fois depuis ce temps. J'en suis parfois gêné. Ce gars-là est devenu une personne généreuse envers les autres. Il suffisait d'un si petit geste qui dépassait ses attentes pour qu'il évolue un peu », renchérit-il.
Pour aider un jeune homme à grandir, il faut juste attendre le moment où quelque chose est important afin de « dépasser la coche ». C'est comme un moment magique où la transformation commence à se faire.
Et la foi?
Officiellement, l'Auberge sous mon toit est un organisme catholique. L'évangélisation se fait par l'action. Excluant la messe de Noël et la bénédiction du pape qui est fièrement affichée à l'entrée de la maison, il est rare qu'il soit question ouvertement de la foi. Tout se fait discrètement.
Quelquefois, Benoît Houle parle de son expérience spirituelle qu'il souhaite voir imitée par ses gars: « À chaque matin, j'écris une lettre à Dieu. J'écris ce que je pense qu'il me dit. Je lui donne la parole. Et quand je termine, c'est toujours une grande paix que je ressens. On dirait que je suis prêt à affronter la nervosité, le stress et le travail qui s'en vient. C'est ce que je dis aux gars qui me demandent comment je fais pour rester calme. »
Pour ce Catholique qui fréquente régulièrement la messe, le véritable problème qui se cache derrière le mal de vivre d'un grand nombre de Québécois, c'est le manque de spiritualité. « Je suis persuadé qu'en Inde ça va mieux qu'ici, même si ce pays est économiquement pauvre! », conclut-il.
Malgré les années qui passent et que l'œuvre n'entretient plus de liens avec la J.O.C. depuis 1983, Benoît Houle demeure fidèle aux valeurs chrétiennes qui habitent en lui et à l'Auberge Sous mon toit qu'il a fondée avec l'abbé Gérard Bossé. Voilà une inspiration de la vie spirituelle en action à imiter.
Benoît Voyer
Dans l'ombre depuis 28 ans
L'authenticité, l'amour des autres et la douceur sont de grandes qualités intérieures de Benoît Houle, co-fondateur, avec l'abbé Gérard Bossé, de l'Auberge Sous mon Toit de Granby. Il est timide, discret et très modeste.
Depuis 28 ans, c'est à son ami prêtre qu'il renvoie tous les éloges adressés à cet important organisme consacré aux jeunes hommes de 18 à 30 ans. Pourtant, la petite maison de chambres est devenue ce qu'elle est aujourd'hui grâce à ses innombrables heures de travail.
Benoît Houle est né le 2 mai 1949 à l'Hôpital Saint-Joseph (Centre hospitalier de Granby). Il est le 7e marmot de Clémentine, une ex-sage femme, et de Ernest Houle, un journalier, décédé l'an dernier. Le couple a donné la vie à quinze magnifiques enfants.
Il a grandi au 15, rue Bérard où sa mère habite toujours la maison familiale. Cette maison est située au cœur de la paroisse Saint-Benoît de Granby. C'est d'ailleurs à cause de cette église où il a été baptisé (dans les premiers de cette paroisse) qu'il porte son prénom. Après ses années scolaires à l'école Saint- Benoît de Granby (primaire) et au Collège des Maristes d'Iberville (cours classique), il abandonne ses études et devient journalier, comme son père. « Lorsque j'ai terminé ma 11e année ma mère m'a dit: pour un gars, c'est assez une 11e année! Pour les filles, elle disait qu'une 9e année suffisait», dit-il.
Après deux ans et demi, il se lance en informatique à la Laiterie Leclerc. « C’étaient les premiers ordinateurs. Ils étaient gros comme trois réfrigérateurs (!) avec de grosses bobines et des lecteurs avec cartes perforées », se souvient l'homme à la moustache.
De la J.O.C. à l'Auberge
Suite à l'invitation d'un ami de l'usine et les bonnes recommandations de sa mère qui avait déjà été membre de la Jeunesse ouvrière catholique (J.O.C.), il se joint au début de la vingtaine à ce mouvement. Rapidement, il devient président de la section locale de l'œuvre. À l'automne 1970, l'idée de bâtir une maison d'hébergement surgit au sein de la cellule de réflexion. Rapidement, une enquête sur la pauvreté débute dans la localité granbyenne. Un sondage est organisé auprès de tous les organismes de la municipalité. Tous sont consultés sur le projet. Puisque le groupe se montrait ouvert aux idées des gens, la population a appuyé la naissance de ce qui allait devenir l'Auberge Sous mon toit. Il n'y a pas eu d'opposition au projet. Le 1er mai 1971, Benoît Houle quitte son emploi pour se consacrer entièrement à l'œuvre.
« Lorsque j'ai vu l'annonce que nous pourrions avoir une subvention gouvernementale, j'ai abandonné mon emploi et j'ai dit à l'abbé Bossé: moi, je vais m'occuper de ce projet à plein temps! L'abbé fut surpris de cette décision impulsive, mais n'a pas dit non. Puisque nous avions ramassé un peu de dons en argent, l'abbé m'a dit: on va te donner 50$ par semaine pour être capable de vivre », se rappelle-t-il, toujours passionné par ce projet qui lui tient à cœur comme à cette époque.
Il poursuit: « J’ai travaillé pendant huit mois au projet de l'auberge avant son ouverture, le 1er novembre 1971. Nous n'avions pas encore de pensionnaires. Nous quêtions des dons en argent et en meubles. Nous avons visité plusieurs maisons d'hébergement un peu partout au Québec pour connaître les problèmes qu'elles vivaient afin d'éviter les mêmes erreurs. C'est là que j'ai appris qu'il ne faut jamais mettre deux gars dans la même chambre! Deux mois après l'ouverture, notre centre pour les hommes était plein à craquer! »
Un port d'attache
Lorsque le jeune arrive à l'Auberge Sous mon toit, il n'a plus de ressources où se tourner: il a été mis à la porte de son logement ou il n'a plus un sou en poche tentant de survivre avec un maigre chèque du ministère de la Sécurité du revenu du Québec. Il est révolté face à la société et ne sait pas comment se trouver du travail. À d'autres moments, il arrive déprimé, voire en situation de dépression.
Comment aider un jeune homme à se sortir de la misère? « Il faut créer un port d'attache. À cet âge, les parents ne comptent plus. Pour le gars qui est ici, la famille n'existe pas vraiment. Il commence à changer quand le sentiment d'appartenance à l'Auberge devient fort. La maison devient un port d'attache. Il pourra naviguer bien loin sur la mer de la vie, mais saura qu'il y a un port où il peut accoster lors de tempêtes », explique Benoît Houle.
Le matin de l'interview, un gars en réhabilitation à la suite d'un méfait public et qui habite à l'Auberge lui expose son questionnement: « Dans un mois, je vais avoir ma libération conditionnelle. Je ne sais pas si je dois retourner à Québec (son lieu d'origine) ou si je dois aller à Trois-Rivières où est ma fille de seize mois ». Il lui répond: «Écoute! Si tu t'en vas sur la route et qu'il y a de la brume, il ne faut pas prendre une route au hasard. Ce qui me paraît simple est de rester là où tu es. À un moment donné, la route va s'éclairer et tu vas savoir la route qu'il faut prendre. Une bonne décision n'est jamais facile à prendre! Il faut que cela coule comme une rivière! » C'est ce que l'homme en réhabilitation a décidé de faire.
Pour créer la confiance
La recette de Benoît Houle pour créer un lien avec une personne est simple: il s'agit de dépasser la limite de ce qui paraît normal.
Il y a quelques mois, un autre résident lui demande d'aller le conduire en automobile à quelques minutes de l'Auberge pour faire de l'auto-stop jusqu'à la ville voisine. Benoît Houle lui propose de l'accompagner jusqu'à sa destination pour lui éviter de perdre du temps à « faire du pouce », de l'attendre et de revenir avec lui. « Le gars a tellement été touché par ce simple geste qu'il m'a rendu ce service des dizaines de fois depuis ce temps. J'en suis parfois gêné. Ce gars-là est devenu une personne généreuse envers les autres. Il suffisait d'un si petit geste qui dépassait ses attentes pour qu'il évolue un peu », renchérit-il.
Pour aider un jeune homme à grandir, il faut juste attendre le moment où quelque chose est important afin de « dépasser la coche ». C'est comme un moment magique où la transformation commence à se faire.
Et la foi?
Officiellement, l'Auberge sous mon toit est un organisme catholique. L'évangélisation se fait par l'action. Excluant la messe de Noël et la bénédiction du pape qui est fièrement affichée à l'entrée de la maison, il est rare qu'il soit question ouvertement de la foi. Tout se fait discrètement.
Quelquefois, Benoît Houle parle de son expérience spirituelle qu'il souhaite voir imitée par ses gars: « À chaque matin, j'écris une lettre à Dieu. J'écris ce que je pense qu'il me dit. Je lui donne la parole. Et quand je termine, c'est toujours une grande paix que je ressens. On dirait que je suis prêt à affronter la nervosité, le stress et le travail qui s'en vient. C'est ce que je dis aux gars qui me demandent comment je fais pour rester calme. »
Pour ce Catholique qui fréquente régulièrement la messe, le véritable problème qui se cache derrière le mal de vivre d'un grand nombre de Québécois, c'est le manque de spiritualité. « Je suis persuadé qu'en Inde ça va mieux qu'ici, même si ce pays est économiquement pauvre! », conclut-il.
Malgré les années qui passent et que l'œuvre n'entretient plus de liens avec la J.O.C. depuis 1983, Benoît Houle demeure fidèle aux valeurs chrétiennes qui habitent en lui et à l'Auberge Sous mon toit qu'il a fondée avec l'abbé Gérard Bossé. Voilà une inspiration de la vie spirituelle en action à imiter.
Benoît Voyer
(Revue Sainte Anne, avril 1999, page 151)
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