Les charismes


Au nom du Père, au nom du Fils et au nom du Saint-Esprit. En réalité, si je m’adresse à vous cet après-midi, c’est vraiment au nom des trois personnes divines qui se sont concertées, dans leur amour infini, pour vous créer à leur image et à leur ressemblance. Et si je m’adresse à vous cet après-midi, c’est parce qu’un jour, vous avez été baptisés au nom du Père, au nom du Fils et au nom du Saint-Esprit. Donc, nous sommes faits pour nous comprendre. Enfants de Dieu, enfants de l’Église, voilà ce qui nous unit dans les liens de l’Esprit.

La promesse de l’Ascension… Je me réjouis vraiment que ce congrès se situe entre l’ascension et la pentecôte parce que le Seigneur nous indique lui-même ce qu’il va faire durant ces jours merveilleux.
Le jour de l’ascension, Jésus a prononcé un certain nombre de paroles que les apôtres nous ont transmises fidèlement. Jésus a dit ceci : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Mt 28,18). Et il a dit à ce moment a ses apôtres de « ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (Ac 1,4). Il leur dit aussi : « Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 4-18)
S’accomplit dans la pentecôte Lorsque Jésus est retourné vers son Père, il a accompli sa promesse en envoyant l’Esprit saint sur ses apôtres, le jour de la pentecôte. Il faut donc nous préparer aujourd’hui si nous voulons avoir la bénédiction de demain. Je suis sûr d’une chose, c’est que le Seigneur est trop pressé pour faire des effusions de l’Esprit sur une base unitaire. Le temps est venu de produire des pentecôtes communautaires. Le monde est dans une telle angoisse, dans un tel désarroi, que chaque chrétien doit devenir porteur de la puissance de Dieu. Chaque chrétien devra, par la force même des événements, exercer de nombreux charismes, pour que cette humanité redécouvre Jésus rédempteur et qu’elle fasse l’expérience de Jésus sauveur. Mais pour que ce message soit proclamé avec force, il nous faut le revêtement de puissance dans l’Esprit saint.
L’Église vit une nouvelle pentecôte… J’espère que vous avec lu l’encyclique « Redemptor hominus ». Lors de ma récente visite à Rome, en avril dernier, j’ai eu le bonheur de rencontrer le pape Jean-Paul II et de lui dire : « Très Saint Père, je vous félicite pour cette encyclique et vous remercie au nom de tous les prêtres, de tous les jeunes et de tous les laïcs engagés que je dirige. Je tiens à vous remercier au nom de l’Église et au nom du monde, pour ce message vibrant. » Il me regardait dans les yeux avec joie.
Pour réaliser un renouveau charismatique Ce message de Jean-Paul II est au fond très simple : il est une exhortation aux fils de lumière, une exhortation à ce qu’ils témoignent de la lumière qu’ils portent en eux, car il répète le cri angoissé de saint Paul : « La création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu… avec l’espérance d’être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement… dans l’attente de sa rédemption » (Rm 8, 19-24). Le temps est venu pour les enfants de Dieu de se révéler. Le temps est venu pour eux de proclamer la bonne nouvelle du salut avec assurance, avec autorité, mais aussi avec amour.
Le don du Saint-Esprit Cet après-midi, je vous interpelle tous, qui que vous soyez, du plus petit au plus grand, du plus jeune au plus âgé. Le jour de votre baptême, vous avez reçu sept cadeaux précieux appelés « dons du Saint-Esprit ». Aucun de vous ici présents ne peut dire : « Je ne les ai pas reçus ». Vous les avez tous reçus! Mais le problème, c’est que vous ne les avez pas encore déballés. Vous avez mis vos sept cadeaux du Saint-Esprit dans un placard et les cadeaux demeurent toujours enveloppés dans leur emballage.
On dit souvent que les charismatiques sont des gens « emballés ». Je dis : non! Ce sont des gens déballés; ils ont déballé les cadeaux qu’ils ont reçus du Saint-Esprit. Les vrais chrétiens « emballés » sont ceux qui n’ont pas pris la peine de faire l’inventaire de ces dons du Saint-Esprit, ces sept cadeaux que Dieu a faits dès le premier jour de votre baptême. Il vous a donné le don de sagesse, le don de science, le don d’intelligence, le don de conseil; il vous a donné le don de force, le don de piété et le don de crainte de Dieu. Vous pensiez que je me trompais, n’est-ce pas.
Un jour que je faisais la classe aux tout petits, je leur ai demandé quels étaient les sept dons du Saint-Esprit. Savez-vous ce que j’ai eu comme réponse? L’orgueil, l’avarice, l’envie… Si j’avais tenté l’expérience avec vous cet après-midi, peut-être aurions-nous eu des surprises! On m’aurait donné les sept péchés capitaux au lieu des sept dons du Saint-Esprit… Qu’avons-nous donc fait de ces donc du Saint-Esprit? Nous les avons remisés en prenant grand soin qu’ils ne se détériorent pas : c’est bien sûr! En ne s’en servant pas, ils n’ont pas même la chance de s’user! Mais le Seigneur est en train d’interpeller son Église; Il est en train de nous faire prendre conscience que nous ne sommes pas seulement des baptisés; nous sommes aussi des confirmés.
Qu’est-ce qu’un confirmé? Un confirmé, c’est un ambassadeur du royaume. Il est en ambassade auprès de tous ses frères pour faire connaitre le message du royaume et pour donner le gout du royaume a la multitude de ceux qui ne le connaissent pas. Nous avons recu un ordre du Seigneur et cet ordre s’adresse à tous les baptisés, a tous les confirmés. « Allez, enseignez toutes les nations. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Mais quand arrive le temps d’exécuter ce mandat, la peur nous prend. Notre problème, c’est la gêne, l’amour propre, la timidité; c’est le temps de sortir les sept péchés capitaux : l’orgueil, l’envie, l’avarice, la jalousie et surtout la peur. Nous avons peur! Voilà pourquoi nous avons besoin de ce revêtement de force qui s’appelle « baptême dans l’Esprit saint » ou « effusion de l’Esprit » dont on nous a parlé ce matin.
Qu’est-ce qu’un charisme? Cet après-midi, nous verrons…
1.Ce qu’est un charisme; 2. Pourquoi les charismes; 3-Comment s’en servir pour bâtir le peuple de Dieu dans l’agape, dans l’amour.
Disons d’abord que le mot « charisme » n’est même pas un mot français, mais un mot grec, bâti à partir de sa racine grecque « xap » (on prononce car) qui veut dire « joie », en grec. Le mot « charisme » signifie donc un cadeau gratuit qui provoque la joie. Quand on fait un cadeau a quelqu’un, c’est habituellement pour lui faire plaisir. Si la personne qui reçoit le cadeau ne le déballe pas et qu’elle vous dise : « Merci, tu es bien gentil d’avoir pensé à moi » et qu’elle le mette dans le placard sans l’ouvrir, qu’est-ce que vous pensez de ça? N’est-ce pas décevant de constater l’ingratitude, voire l’indifférence. Pourtant, nous sommes tous un peu comme cette personne : nous avons reçu du Saint-Esprit de merveilleux cadeaux, mais nous ne les avons pas déballés et les avons rangés dans l’armoire.
Un charisme, c’est un cadeau gratuit qui donne la joie. Mais quand il ne devient pas un « charisme » et « charismata », c’est quand on manifeste le « contenu du cadeau » : - donc, on le déballe – qu’on se réjouit d’avoir un tel cadeau et surtout qu’on s’en sert. C’est pour que nous nous en servions que le Seigneur nous fait des cadeaux! Or, saint Paul, dans la première épitre aux Corinthiens, chapitre 12, nous dit que les charismes « sont des manifestations de puissance par lesquels le Saint-Esprit bâtit la communauté – pas pour vous - : pour la communauté, pour le bien commun, pour bâtir ensemble des communautés de service et de présence, des communautés qui ont connu l’amour. Voilà ce que veut le seigneur.
Hélas, nous avons reçu de si beaux cadeaux et nous ne nous en servons pas! Le Seigneur veut donc, cet après-midi, que nous en fassions la découverte ensemble. Nous allons prendre ces cadeaux un par un et les déballer. Nous allons nous réjouir de ce que le Seigneur aime tellement son Église – après tout elle est son Épouse – qu’il lui a fait de si beaux cadeaux d’alliance. Jésus, par les charismes, fait des cadeaux à son Épouse, l’Église. Vous, les épouses, est-ce que vous n’aimez pas ça quand votre mari pense à vous et vous donne un cadeau? Je ne parle pas du cadeau pour le jour de votre anniversaire de mariage – parce que là, c’est la convenance, même s’il oublie de temps en temps… - Je parles du cadeau surprise, inattendu, imprévu! Ah! Ça, c’est de la gratuité; ça, c’est de la tendresse; ça, c’est de l’attention.
Jésus aime son Église avec tendresse. Il a beaucoup d’attentions pour elle et veut la combler de cadeaux pour que, remplie de joie, elle témoigne que son époux est vivant et qu’il exerce aujourd’hui la même puissance qu’autrefois, lorsqu’il est venu sur la terre des hommes, car « Jésus est le même aujourd’hui, hier et a jamais » (He 13,8). C’est ce même Jésus qui vit par et dans son Église, c’est ce même Jésus sauveur en qui nous sommes tous unis qui veut faire des cadeaux à son Église « pour rassembler dans l’unité toutes les brebis dispersées ». Certaines ont quitté le bercail, d’autres ignorent la porte qui permet d’entrer dans le bercail. D’autres encore ne savent absolument rien de tout cela et attendent l’annonce de la bonne nouvelle. Nous avons reçu du Seigneur un Esprit, son Esprit. Nous n’avons pas reçu « un esprit de crainte ou un esprit de peur », nous avons reçu au contraire « un esprit de force, un esprit d’amour et de maitrise de soir » (2 Tm 1,7).
Or les charismes ne sont pas autre chose que « l’action du Saint-Esprit qui manifeste la puissance de Jésus, dans cette Église qui est l’Épouse du Christ ». Et tous sans exception, vous êtes appelés à exercer vos charismes dans l’Église et dans le monde. C’est pourquoi le concile nous dit de les accueillir « avec gratitude et joie spirituelle » (Décret des laïcs no 3; Lumen Gentium no 12) et c’est ce que nous voulons faire cet après-midi.
Le don de sagesse Vous avez d’abord reçu le don de sagesse. Vous l’avez! Regardez quelque part dans l’armoire, il est surement là, sur la deuxième ou la sixième tablette, mais il est surement là! Sortez-moi ça, que nous le déballions ensemble.
Quand on a déballé le don de sagesse, on s’aperçoit que c’est un cadeau par lequel le Seigneur « veut nous faire gouter, savourer, apprécier les merveilles de sa grâce et la tendresse de son amour », pour nous permettre de parler de lui avec tant de joie, tant de chaleur, tant d’enthousiasme que ceux qui nous entendent, aient le gout de Jésus, le gout de sa Parole, le gout des sacrements, le gout de l’Église, du service, de l’amour. Ah! Que c’est beau des gens qui ont le gout d’aimer et qui on le gout de vivre parce qu’ils ont le gout d’aimer.
Or, sommes-nous dans l’Église de Dieu, « la lumière qui brille dans les ténèbres » avec suffisamment d’éclat autour de nous, dans nos milieux de vie alors que vous entendez constamment autour de vous des plaintes de toutes sortes : « Je suis écœuré! Chienne de vie! Je ne sais pas quoi faire de ma peau! Empaille-la, tu es trop bête! ».
Ces gens-la ont besoin de retrouver le gout de vivre, le gout de l’engagement, du défi, le gout du travail. Mais qui leur donnera ce gout, sinon vous-mêmes? Vous êtes le sel de la terre et quand le sel s’affadit, il n’est plus bon a rien; mais quand le sel a toute sa saveur, il donne le gout aux aliments. C’est ça que nous sommes dans le peuple de Dieu. Non seulement « lumière » qui apporte l’éclat de la vérité, mais « sel de la sagesse » qui donne le gout de Jésus, le gout du partage et de l’engagement, le gout du service jusqu’au dépassement. Voilà ce que fait pour nous le cadeau qui s’appelle la Parole de sagesse.
Les paraboles : Paroles de sagesse Jésus, lorsqu’il nous parlait des merveilles du royaume, inventait toutes sortes de paraboles pour nous dire les beautés et les merveilles du royaume. Et son cœur ne tarissait pas d’exemples; il prenait des choses simples, modestes, concrètes, autour de lui. Vivant dans un pays de pêche, il parlait de poissons! Il parlait aussi de blé, de farine. Il parlait ensuite de troupeaux, de bergers, de bergerie, de bercail parce que c’étaient des réalités qui l’entouraient quotidiennement. Ah! Quand on a le gout de Jésus dans notre cœur, on en trouve des paraboles pour faire comprendre et on en donne le gout a ceux qui nous entourent.
Ne sentez-vous pas le besoin de recevoir du Saint-Esprit ce merveilleux cadeau qui vous permettra de parler de Jésus avec enthousiasme, avec joie, avec débordement pour que les gens n’aient qu’une envie : « Mais, donne-nous donc ce Jésus dont tu nous parles » et que vous ayez l’audace, comme l’apôtre Pierre de dire dans la foi : « Je n’ai ni or ni argent, mais ce que j’ai, je te le donne. Au nom de Jésus, je te l’ordonne, lève-toi et marche » (Ac 3,6). Quand tous les chrétiens auront cet idéalisme de la foi, en plus de la parole de sagesse, pour parler de Jésus et en transmettre le gout, ils auront l’audace de la foi charismatique pour ordonner que ça se fasse sur place! Vous comprenez que la face de la terre va être renouvelée avec des chrétiens comme ça!
Tant que nous aurons des chrétiens ‘incolores, inodores et sans saveur », nous aurons une Église moribonde. Mais si nous vivons dans l’explosion de la résurrection pascale, nous aurons une Église vivante. Et l’épouse du Christ retrouvera son visage sans tache, ni ride, ni rien de pareil. Imaginez-vous la joie d’un époux qui voit sa femme « sans tache, ni ride, ni rien de pareil! » Le gars est fou de joie! Ça ne lui a pas couté un sou. C’est un traitement du Saint-Esprit, c’est quelque chose! « Demandez et vous recevrez… car le Père donne l’Esprit saint a ceux qui l’en prient. » (Lc 11,913).
Le don de science Fouillons encore dans notre armoire, un deuxième cadeau nous attend : Le don de science. Il est pris quelque part au fond d’un tiroir peut-être. Tirez, allez au fond, faites du ménage un peu! C’est la; vous l’avez déjà parce que vous êtes baptisés. Cet après-midi, vous allez le déballer pour découvrir ce cadeau précieux.
Qu’est-ce que le don de science? C’est cette capacité de pouvoir parler du Seigneur à l’œuvre dans son peuple, en découvrant « les causes premières des situations que vous constatez ». Le Seigneur ne nous donne pas une nouvelle connaissance intellectuelle : il nous donne la « connaissance du cœur » et c’est ce qu’on appelle « la science des saints ». Tant qu’on connait seulement avec sa tête, on ne peut pas vivre au niveau de l’être parce qu’il se produit un blocage, une espèce de « bouchon intellectuel » et la cruche bouchée ne peut pas recevoir le « vin nouveau ». Il faut d’abord enlever le bouchon et vider le vin nouveau d’une cruche vide!
La parole de science donne l’aptitude de parler en connaissance de cause de celui que le cœur connait, et non plus seulement la tête. Et quand on connait Jésus avec son cœur, oh! Comme on apprend la meilleure manière dont il s’y prend pour rejoindre les cœurs les plus endurcis. Jésus nous communique ce savoir qui va au fond des problèmes.
Quand quelqu’un nous arrive en disant : « Je ne sais pas ce que j’ai, j’ai le cœur lourd, je suis angoissé, je suis triste, je ne sais pas ce quoi m’accable, je suis dans le noir! Aide-moi! Au secours! » Alors jaillit la parole de science : « Mon enfant, souviens-toi, ton cœur est alourdi d’un poids caché. C’est tel péché que tu as caché à la confesse, il y a vingt-deux ans. Voilà ce qui t’empêche d’ouvrir ton cœur. C’est parce qu’a un moment donné, tu as refusé de t’accepter toi-même parce que tu avais honte de ton corps ou parce que tu n’as pas accepté telle épreuve dans ta vie, voilà où se situe ton blocage. » Et quand la personne se sent connus de Dieu grâce à la parole de science, tout s’éclaire. La personne renait devant vos yeux et vous constatez que cette connaissance ne venait pas de vous, mais qu’elle venait de l’Esprit saint qui vous donnait le discernement du cœur pour connaître le besoin de l’autre et par-dessus tout, le remède à son problème.
L’esprit saint et l’inconscient profond Un des grands problèmes de la psychiatrie moderne, c’est d’être venu à trouver des noms scientifiques pour toutes les maladies observées, mais de chercher encore la manière de les traiter pour que leurs patients en sortent complètement guéris. L’Esprit saint ne s’embête pas avec les étiquettes. L’Esprit saint va au fond du cœur. Il met le doigt sur la plaie. Il nous fait connaître le dedans comme Dieu lui-même le connaît, l’endroit où la blessure fait le plus mal. Oh! Comme il fait bon de se savoir connu et aimé par un Dieu qui nous pénètre jusqu’au fond de nous-mêmes.
Remarquez ce passage de la bible qui nous dit que Dieu « sonde les reins et les cœurs » (Ps 7,10. Jr 11,20). Ça embête bien du monde : « Qu’est-ce qu’il a à faire dans nos « reins », veux-tu bien me le dire? Les psychiatres et les psychologues modernes ont traduit ça par d’autres mots, mais cela veut dire la même chose : ils ont parlé du « conscient » puis de « l’inconscient ». Le conscient c’est quand Dieu scrute « le cœur » et que l’Esprit passe dans notre cœur en même temps que nous autres, on le connaît. Mais quand il sonde les « reins », il sonde notre « inconscient » profond, nos motivations cachées, les secrètes pulsations qui nous portent à tel ou tel comportement et qui traduisent bien souvent notre impuissance à changer nos conduites.
Quand le Seigneur pénètre par la parole de science jusqu’au fond des entrailles, il libère le cœur par la puissance de son Esprit. Est-ce que ce n’est pas beau, un cadeau comme celui-là? Et dire que vous pourriez vous en servir, si seulement vous donniez à l’Esprit saint la permission d’activer en vous les cadeaux que vous avez reçus au baptême. Il n’y a pas de raison pour que chaque baptisé n’ait pas trois, quatre ou cinq charismes actifs dans sa vie.
Pas d’élitisme dans le renouveau Le renouveau charismatique n’est pas fait pour une petite élite, il n’est pas un club d’admiration mutuelle ou l’on dit : « Moi, j’admire chez toi le don de prophétie; moi, j’ »admire chez toi le don de guérison » ou bien « on devrait aller voir une telle, elle a un don de miracles ». Non. C’est l’amour de Dieu qui veut se traduire concrètement au sein de son peuple pour bâtir dans l’agape afin de bâtir des communautés intimement liées ensemble, des communautés dont l’unité devient un témoignage irréfutable. Voilà ce que le Seigneur veut faire. Voyez-vous, quand vous dites : « Moi, je n’ai pas de charismes » et surtout « je n’en veux pas », vous bloquez l’amour de Dieu, vous bloquez la mission de l’Église, vous bloquez les ministères que le Seigneur a donnés à son Église. Mais en disant .oui. a ces cadeaux, en prenant la peine de les déballer, vous les mettez en service pour que les communautés se bâtissent en atteignent leur pleine maturité.
Je vous prédis que d’ici dix ans, les églises paroissiales seront trop petites parce que si véritablement on annonce la Parole de Dieu dans la puissance du Saint-Esprit, c’est par centaines de mille que les gens viendront enfin faire la découverte de Jésus sauveur. Ils verront dans notre unité, l’authenticité de notre message et chaque fois qu’on proclamera la Parole de Dieu avec puissance, des signes suivront nécessairement. Après chaque grand-messe, figurez-vous donc, les gens repartiront transformés. A la fin de la messe, les aveugles lèveront la main et diront : « Aie, monsieur le curé, nous voyons! Votre sermon a été bon, ce matin. Nous étions aveugles et maintenant nous voyons! ». « Monsieur le curé, nous étions sourds et maintenant nous entendons! » « Monsieur le curé, je suis entré en chaise roulante et regardez-moi, je cours dans l’allée! »… Quand nous aurons des grands-messes paroissiales dans ce style-là, n’ayez pas peur, les églises seront trop petites : on devra louer des arénas!
Le don d’intelligence Prenez garde, je ne parlerai pas ici de quotient intellectuel, je laisse ça aux psychométriciens, c’est leur métier parce que le don d’intelligence ne correspond pas au degré de quotient intellectuel de telle ou telle personne! D’ailleurs, c’est cela qui me sauve… Voyez-vous, le Seigneur aime tellement son Église qu’il va donner dans la bouche des gens les plus humbles, des paroles prophétiques, grâce au don d’intelligence et au don de conseil qui se combinent ensemble pour nous permettre de lire dans les événements ce que le Seigneur est en train de faire aujourd’hui pour l’Église de demain. C’est cela le don de prophétie.
Il nous permet de lire, dans les événements, le plan amoureux de Dieu. Le rôle du prophète, lorsqu’il adresse cette parole au peuple de Dieu, c’est de lui rappeler les exigences de l’alliance, les promesses du Très-haut, de l’inviter a la conversion et a la réconciliation. Le prophète, c’est tout simplement celui qui parle devant les autres « prophanein » et qui fait éclater la merveilleuse lumière de la révélation devant les yeux des croyants. Et les gens sont éblouis devant cette clarté qui vient d’en-haut.
Et parce que les yeux s’ouvrent, les cœurs s’épanouissent. Et quand les cœurs s’épanouissent, les pardons sont faciles, les réconciliations vont de soi. C’est cela la puissance de la parole de prophétie. Imaginez-vous la mère de famille qui est capable de parler à son grand gars de 18 ans et a sa grande fille de 16 ans qui sont toujours en train de se chamailler et leur adresse une parole de prophétie et que les deux fondent en larmes et sautent dans les bras l’un de l’autre… C’est ça l’unité : savoir s’accueillir et se pardonner. Et c’est la Parole de Dieu qui fait, qui produit, qui agit et qui transforme.
Imaginez ce qui arriverait dans le peuple de Dieu si les Nord-américains tombaient e amour avec les amérindiens… L’amour nous rendrait capables de rendre a chacun ce qui lui est dû, dans le respect, dans la justice et dans la paix. Il n’y a que la parole prophétique pour faire cela. Imaginez-vous encore ce qui arriverait si les catholiques tombaient en amour avec les protestants et les protestants nous sautaient dans les bras pour nous embrasser… Imaginez!
Par la parole de prophétie, Dieu parle à son peuple, il encourage, il exhorte, il le stimule, le corrige, mais surtout il l’instruit en lui donnant la vision de ce qui s’en vient. Et ce qui s’en vient, mes amis, est merveilleux. Nous n’avons vu que les premières lueurs d’une aube nouvelle. Ce que nous voyons, même si c’est très beau, n’est en réalité que les lueurs premières de l’aube d’un jour nouveau. Qu’est-ce que ce sera quand le soleil atteindra son zénith! Quelle splendeur de gloire nous verrons! « Je te dis que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11,40).
L’Église : un peuple de prophètes Dieu a constitué son Église en un peuple de prophètes. N’ayons pas peur de prophétiser. N’ayons pas peur de professer notre foi, ne rougissons pas de Jésus sauveur mais parlons de lui avec autorité, avec audace, avec amour. Quand tout le peuple de Dieu sera devenu un peuple prophétique, le monde sera forcé d’entendre. Au moment où je vous parle, un prophète se promène. Son nom est Jean-Paul II! Il vient de s’arrêter en Pologne et parce qu’il s’est arrêté aujourd’hui en Pologne, sa parole prophétique a pénétré le rideau de fer jusqu’ici fermé à la Parole de Dieu. Le Saint Père, avec les seules armes de l’amour et la puissance de la parole prophétique, a forcé de s’ouvrir les portes du rideau de fer. Mes amis, quel geste prophétique! Je n’ai pas besoin de vous donner des exemples : vous en avez sous les yeux. Demain, vous entendrez un prophète, le prophète de l’Espérance. Quand Mgr Helder Camara vous adressera la parole, vous pourrez dire qu’une fois dans votre vie, vous aurez vu et entendu un authentique prophète de Dieu!
Un jour, Paul VI recevait en audience Mgr Helder Camara. Et le pape lui adresse cette salutation : « Mon frère Helder, je sais que tu es un authentique prophète pour l’Église d’aujourd’hui. Aurais-tu pour moi une prophétie? » Et Helder se recueille un long moment et dit enfin : « Très saint père, Dieu me dit de vous adresser ce message : « Prêchez l’espérance, prêchez l’espérance, prêchez l’espérance! »
Si nous voulons assumer notre rôle prophétique aujourd’hui, déballons nos cadeaux et proclamons l’espérance. Le jour se lève et la nuit s’achève. L’hiver est terminé, voici qu’arrive le printemps et que les colombes roucoulent, car voici un jour nouveau, une nouvelle source de sève et de vie pour l’Église universelle. Les arbres, qui aujourd’hui sont en feuilles, demain seront en fleurs; les arbres, qui aujourd’hui sont en fleurs, demain seront en fruits et les fruits seront surabondants « des fruits qui demeurent » (Jn 15,16).
Mais si les prophètes ne parlent pas, la sève ne monte pas. Et le peuple de Dieu se meurt desséché. Puisse le Seigneur susciter dans l’Église des prophètes aux paroles de feu pour embraser le peuple de cet amour agape. Quand le peuple entendra la parole prophétique, il dira comme à Pierre et aux apôtres : « Frères que devons-nous faire? » Pierre leur répondit : « Repentez-vous, convertissez-vous, reconnaissez que Jésus est Seigneur et recevez le baptême en son nom, vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. Car c’est pour vous qu’est la promesse, ainsi que pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2,37-40).
Vous êtes aujourd’hui ceux à qui Jésus adresse ces paroles. Vous êtes, mes amis, invités à recevoir les dons du Saint-Esprit parce que vous êtes appelés à être les artisans de cette civilisation de l’amour. Elle est finie, la civilisation de la haine : je proclame aujourd’hui même, l’ouverture de « la civilisation de l’amour ».
Les trois charismes de l’Esprit
1-La foi charismatique
Le Seigneur, par son Esprit, nous donne trois charismes pour la parole : parole de sagesse, parole de science et parole de prophétie pour permettre à ses disciples de parler comme il parlait lui-même. Mais il nous donne aussi trois autres cadeaux pour nous permettre de penser comme lui : le charisme de la foi, le charisme de l’interprétation et celui du discernement.
Oh! Qu’ils sont précieux ces cadeaux, mais vous le savez déjà, mes amis. Seulement, si vous êtes des chrétiens emballés, déballez vos cadeaux : ça presse! Ils sont en vous, servez-vous-en! Cette merveilleuse foi charismatique, qui est tellement sûre de la Parole de Dieu, qu’elle ose appliquer la Parole et s’attendre avec assurance que cette Parole s’accomplira. C’est toute la différence au monde entre croire que Dieu est tout-puissant, de croire que Dieu peut faire des miracles et de dire : Je te l’ordonne aujourd’hui, par le nom de Jésus, sois guéri »!
Pendant que je pointe, si vous accueillez dans la foi le message que Jésus vous adresse à vous, madame qui êtes en chaise roulante, vous allez sentir d’ici la fin du congre que Jésus aura agi par sa Parole. Accueillez cette parole dans la foi, car Jésus a la puissance d’agir. Et il peut toucher vos jambes, votre colonne et tout votre être. Accueillez la Parole de Dieu dans la foi. C’est ça la foi charismatique! On s’expose a des ennuis, mais si j’avais eu l’ombre d’un doute dans mon cœur, j’aurais tourné ma phrase autrement. Commander au nom de Jésus, d’être guérir d’ici la fin de la session! Nous n’avons pas reçu un don de peur, de crainte mais un don d’amour, d’audace, un don d’assurance. C’est cela la foi charismatique.
II-Le discernement spirituel
Ensuite, le Seigneur nous a donné le discernement pour pouvoir faire la part des choses. Vous avez reçu le don d’intelligence. Donc, l’Esprit saint active l’intelligence pour nous permettre de discerner ce qui vient de Dieu, ce qui vient du malin et ce qui vient de nous – et il y en a beaucoup qui vient de nous! – « Voyons donc, c’est ton imagination furibonde! » D’autres viennent me dire : « Le diable est après moi! » - Ce n’est pas le diable, ce sont tes passions mal contrôlées. Il faut faire la part des choses! Il y en a qui voient des démons derrière chaque rosier et d’autres qui n’en voient nulle part. Les deux ont besoin de discernement.
N'oublions surtout pas que le vrai discernement spirituel est fait à 80% de jugement (bon sens) et de 20% d’inspiration divine. La grâce ne substitue pas à la nature; elle vient l’enrichir et l’élever pour lui permettre d’opérer à un niveau surnaturel. Combien ce merveilleux cadeau de l’Esprit saint est nécessaire aujourd’hui à tous ceux qui œuvre dans l’éducation, dans la pastorale, dans la direction spirituelle et dans les diverses responsabilités sociales.
III-L ’interprétation
Ce charisme de l’interprétation, comprenons-le bien, ne se substitue en rien au magistère de l’Église, aux recherches théologiques, ni à l’exégèse scientifique! Il est un cadeau gratuit de l’Esprit qui vise à faciliter, pour le croyant, une lecture chrétienne des événements, à reconnaitre les « signes des temps » et aussi à interpréter, en langage courant, les messages en langue qui s’adressent à l’assemblée.
Le charisme de l’interprétation nous permet de « penser comme Jésus » au cœur des événements difficiles à comprendre et plus difficiles encore à accepter. Grace a ce merveilleux cadeau, l’Esprit saint instruit le croyant en lui faisant comprendre le plan d’amour global qui préside au déroulement providentiel de notre vie. Il « re-situe », a la lumière du mystère de la croix, le sens positif et valorisant de telle ou telle épreuve, de tel échec, de telle humiliation. Il élargit aussi le champ de vision du croyant pour saisir la dimension parousiaque et/ou eschatologique de l’histoire contemporaine.
Dans le chaos et la confusion des temps actuels, combien ce don d’interprétation devient utile et nécessaire pour vivre d’espérance et pour rayonner la joie, la sérénité et la paix au cœur de la tourmente. Si vous ne l’avez pas encore déballé, hâtez-vous de le faire, car vous en aurez besoin, non seulement pour vous, mais pour vos familles ainsi que pour tous vos frères humains qui se débattent dans le noir et qui cherchent désespérément la lumière.
Hélas! Le temps m’empêche de parler des trois autres charismes : don de guérison, don des miracles et don des langues. Mais vous aurez au moins compris le message : devenez des chrétiens déballés et aspirez aux dons les plus parfaits en n’oubliant jamais que tous ces cadeaux du Seigneur sont au service de l’amour qui est le lien de toutes les vertus et le sommet de la chrétienne.
Jean-Paul Regimbal
« Les charismes » est une conférence prononcée au Congrès charismatique national, le 2juin 1979 au Stade olympique, a Montréal (atelier no 6).
Tiré d'un document de l'Assemblée canadienne francophone du renouveau charismatique catholique paru en 1980. Document conservé a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (P049)