Témoignage d'un homme d'affaires touché par la grâce


Témoignage de l'homme d'affaires Bernard Provencher (1979)
Le 2 juin 1979, dans le cadre de l’atelier 6 du congrès national du renouveau charismatique qui a lieu au Parc olympique, à Montréal, l’homme d’affaires Bernard Provencher, de Waterloo, en Estrie, lance ce vibrant témoignage :
Vous savez, le père Jean-Paul Regimbal est toujours très court dans ses préambules. Il y a deux mois, nous étions avec M. Montreuil, à Chambly, pour une réunion préparatoire au congrès. S’adressant à M. Montreuil, le père Jean-Paul lui dit, parlant de moi : « Ben va témoigner durant le congrès ». Et la conversation continue. Je n’avais pas trop porté attention. Mais on m’avertit par courrier qu’effectivement, je devais témoigner aux congres. Inutile de vous dire que j’ai été pris de panique. J’étais à l’Eau vive, à ce moment-là, et je lisais un peu la Parole de Dieu, mais je n’ouvrais pas la bible au hasard : je continuais là où j’avais quitté la fois précédente. Et voici qu’en ouvrant la bible, ce jour-là, je lis ce texte que j’offre aujourd’hui en prière avant de témoigner : « Mais lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire. Ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous ». (Mt 10, 19-20). Est-ce que ce n’est pas extraordinaire d’être capable d’aller puiser des paroles comme celles-là qui vous réconfortent au plus haut point!
Je dois vous dire que c’est au congrès de 1977 qu’a débuté mon rapprochement avec le Seigneur. A travers toutes sortes de sentiments extraordinaires, je ressentis deux choses saillantes pour moi. C’était le vendredi soir d’ouverture, durant le chant-thème « Jésus est vivant ». On y parle de nos frères opprimés, prisonniers, délaissés. Personnellement, je n’ai qu’un frère encore vivant, l’autre est décédé. Pour la première fois de ma vie, je me sentais réellement comme faisant partie de cette immense foule qui était au Stade. Mes paroles ne me permettent pas d’exprimer les sentiments que je ressentais. Un peu plus tard, nous avons chanté le Notre Père. Encore là, c’était la première fois de ma vie que je m’adressais au Père d’une façon réellement filiale. Et ce que j’oublie de vous dire, c’est que je pleurais à chaudes larmes, au point où je ne pouvais que balbutier.
L’après-congres, je l’ai vécu par la messe et l’eucharistie quotidiennes, m’entretenant du mieux que je pouvais. Le Seigneur a mis sur mon passage des gens du renouveau qui m’invitaient à tout bout de champs à une veillée de prière et puis il a voulu me mener à l’Eau vive, au centre de formation charismatique de Granby dont les membres du bureau de direction, une fois par mois, font une nuit d’adoration pour demander au Seigneur de conseiller les personnes qui sont responsables du fonctionnement de cette entreprise. Je n’ai pas choisi l’heure : une personne m’a appelé pour me demander : « viens-tu adorer cette nuit? » Je lui dis : Oui, je viendrai vers onze heures ou minuit. – « Non, Ben, ton heure, c’est de deux à quatre heures. » C’est donc vous dire qu’on ne choisit même pas le temps où l’on va adorer!
A l’heure fixée, j’entre donc avec mon épouse dans la chapelle de l’Eau vive. Il y a a peine une trentaine de secondes que nous sommes en contemplation que l’animateur de la nuit d’adoration dit, dans un profond recueillement : « Je te remercie, Seigneur, de tracer pour une personne ici présente, une nouvelle voie ». A ce moment-là, je me suis senti enveloppé d’une chaleur du haut de la tête au bout des pieds. J’étais content, très content : je me disais : Enfin, Seigneur, tu vas me dire ce que je vais faire. Vous savez, cela se passe en un instant. Il faut que je vous dise également que nous n’étions que quatre – j’avais donc le droit de me dire que c’était dirigé vers moi, parce qu’il y avait parmi nous mon épouse, et je ne pensais pas qu’elle devait changer de carrière, elle. Je n’avais pas aussitôt pensé cela que quelqu’un ajoute : « Oui, Seigneur, je te remercie de me tracer une nouvelle voie, etc. » Je me suis dit : Bon, ce n’est pas encore pour moi! Et puis, j’ai oublié cela.
Un peu plus tard, au mois de janvier, on m’a demandé pour venir rencontrer, a l’Eau vive toujours, le père Jean-Paul Regimbal. Je m’y suis rendu et le père Jean-Paul a expliqué en quelques mots, ce qu’avait été l’Eau vive. Il y avait déjà plus de quatre ans que ce centre était fondé et tout ce temps-là, il avait, il avait été financé à 100% par la Providence, ce « Dieu de midi moins cinq » que vous connaissez sans doute. Alors, le père Jean-Paul a pensé que le temps qui est mis sur la partie matérielle empiète nécessairement sur le spirituel. On m’a demandé d’être administrateur à plein temps. Il n’en était pas question, mais j’ai offert avec joie mes services à temps partiel.
Nous voilà rendus en mars. A ce moment, je travaillais à Montréal et voyageais matin et soir. Je devais m’engager très sérieusement, au point de vue de mise de fonds, dans une entreprise très florissante. Avec raisonnement, preuves à l’appui, cela devait garantir mes jours. Mais mon épouse était absolument obstinée à ne pas me laisser faire., à ne pas me laisser poser ce geste. Un jeudi soir, nous avons eu une réunion à l’Eau vive pour planifier la campagne de financement. Le père Jean-Paul avait donné un cours, ce soir-là, et cela se termine toujours par un café, pour échanger. Tout à coup, j’ai senti le besoin d’avoir une entrevue avec lui. Alors je lui ai demandé s’il pouvait me recevoir dans un temps aussi rapproché que possible. Vous vous imaginez bien qu’il est extrêmement difficile de voir le père Jean-Paul, non pas qu’il ne soit pas disponible, mais il y a beaucoup de gens qui veulent le voir. Il y avait, dans la pièce, une personne qui m’a dit : « Écoute, Ben, j’ai un rendez-vous pour demain soir, a 6h30. Si tu veux, prends mon rendez-vous, parce que moi, a vrai dire, j’ai oublié ce que j’avais à lui dire ». Je m’amène donc le lendemain.
Je vous dis tout de suite que le père Jean-Paul, cela ne lui prend pas grand temps pour dire ce qu’il a à dire. Je lui dis tout simplement ceci : il y a « une couple » de semaines, j’ai lu la revue « Je crois ». L’article en primeur de ce mois de mars traitait sur la faim a travers le monde. Nous avons tous entendus parler du tiers du monde qui meurt de faim tous les jours, mais ça ne s’enregistre tout simplement pas. Mais cette fois-là, au fur et a mesure que je lisais, j’ai senti quelque chose de profond et je me disais en moi-même : peut-être que tu peux faire quelque chose pour cela.
Le père Jean-Paul me répond tout simplement ceci : « Voici. Les sentiments qui t’animent sont sincères, je le vois. Il y a trois choses que tu peux faire : Premièrement, tu peux aller sur place, dans un de ces pays qui souffrent de la faim et offrir ce que tu as à offrir pour alléger le problème. C’est une façon d’agir. Deuxièmement, tu peux moins te déplacer. Tout autour de Granby et de Waterloo, il y a beaucoup de bonnes œuvres auxquelles tu pourrais te donner. Troisièmement enfin, ce que tu peux faire, - et c’est ce que je voudrais te demande, - c’est aider un gars comme moi à être plus prêtre. » Je ne me sentais pas gros, imaginez, quand le père Regimbal qui proclame le Seigneur aux quatre coins du monde me fit cette demande. Je n’osais penser qu’avec le peu de connaissance que j’avais, je pouvais lui aider à être plus prêtre. J’ai dit oui, mais il n’a pas accepté mon oui. Il y avait une période d’adoration deux jours plus tard. Il m’a donné une prière une prière d’intercession, prière qui est structurée de façon à contempler davantage et à voir si la réponse du Seigneur est réellement ce qu’on croit qu’elle est. Nous nous sommes mis d’accord qu’après la période d’adoration, j’irais lui rendre une réponse. Effectivement, la nuit d’adoration n’a fait que confirmer ce que je ressentais déjà. Le lendemain, j’ai donné ma réponse au père Jean-Paul.
Ma première tâche, ce fut cette campagne de financement. Je me rendais compte que c’était ma campagne. Nous avons pensé à notre affaire, nous avions prié avant, bien sûr, mais nous avons surtout pensé notre affaire comme il faut. Au point de vue publicité, nous avons envoyé une très belle lettre. Nous nous sommes servis du Seigneur : nous l’avions élu président de la campagne. Mais après cela, mon moi recommençait toujours à faire des siennes. On faisait ceci, on faisait cela, et je vous épargne tout ce qui est naturel et matériel.
Le premier appel fut lancé le 1er avril. Durant le mois d’avril ça répondait très bien. Tous les matins, a l’Eau vive, - nous avions un thermomètre placé a coté de la salle à manger pour que tout le monde voie bien le progrès de la campagne jours après jour – on s’inquiétait à savoir combien nous avions reçu d’argent. Six prêtres sont résidence a l’Eau vive. L’un d’eux me dit, un jour : « Ben, combien le Seigneur nous a-t-il envoyé aujourd’hui? ». Cette question fut pour moi une leçon.
Dans un deuxième temps, le Seigneur a fait autre chose, toujours pour augmenter ma foi. Nous étions à deux semaines de la fin. Tout allait très bien. Tous les jours, des montants nous parvenaient. Ce jour-là en particulier, a 5h, nous n’avions encore rien reçu de nos trois sources de fonds. Les dons nous parvenaient soit par le casier postal, soit par le facteur a l’Eau vive même, soit par des personnes qui venaient elles-mêmes porter leur don. Je ne pouvais croire que nous ne recevions rien ce jour-là. Avant de partir, je dis à sœur Alice qui était en charge des registres : si nous recevons la moindre contribution, peu importe l’heure, appelez-moi. A sept heure moins vingt précisément, le téléphones sonne et je m’empresse d’y répondre parce que je pressentais que c’était sœur Alice. Elle me dit : « Ben, vous ne devinerez jamais ni le montant, ni le donateur. Ça été la plus grosse journée de notre campagne et c’est venu d’une façon qui sort de la normale parce que c’était un deuxième don, huit fois plus grand que le premier que la même personne avait donné. » Donc, ce ne sont surement pas les communications, ni la beauté de l’impression, ni l’effort qu’on y met qui garantissent le succès d’une entreprise, je suis absolument sûr que c’est le Seigneur. Il nous a donné une campagne formidable et je l’en remercie.
Avant de terminer, je voudrais vous donner un autre exemple, je vous dis ceci parce que le père Jean-Paul m’a mis en garde contre certaines choses : « Tu vas vivre des choses merveilleuses, me disait-il, mais tu vas aussi rencontrer de grandes difficultés. » Je dois vous dire que le merveilleux primer sur les difficultés. Nous parlions tout a l’heure du Dieu de midi moins cinq : c’est le Seigneur préféré du père Jean-Paul : il l’a tellement vu en action qu’il le connait très bien… Voici. Nous avions un problème d’immeuble. Nous avions obtenu un délai de trente jours et ce délai expirait dans trois jours. Si nous ne respections pas ce délai, nous perdions une somme de 10 000$. Inutile de vous dire toutes nos démarches. Trois jours auparavant, un homme d’affaires qui avait rendez-vous avec le père Jean-Paul s’amène à son bureau. Le père Jean-Paul, tout en parlant, le met au courant du problème et dans l’espace de 30 secondes, il dit : « Père, ne vous inquiétez pas, je le prends en charge, j’y mets les fonds. ». C’était un cadeau extraordinaire du Seigneur au père Jean-Paul a l’occasion de son 22eanniversaire de sacerdoce.
Ce dont je vous ai témoigné, ce n’est que le commencement des merveilles du Seigneur. Je suis sûr qu’au fur et à mesure, il va me montrer le chemin pour continuer à œuvrer dans sa vigne. »
*Témoignage publié dans : Jean-Paul Regimbal. « Les charismes », conférence prononcée au Congrès national de juin 1979, Assemblée canadienne francophone du renouveau charismatique catholique, 1980, pp19-24. Document conservé a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (P049)