Marie-Madeleine, selon les évangiles


Le 22 juillet les églises chrétiennes de la planète commémorent la mémoire de Marie-Madeleine. Selon les quatre évangiles bibliques, qui était-elle?

Par Benoit Voyer 20 juillet 2024
Dans le cercle des femmes disciples qui suivent Jésus, Marie-Madeleine est considérée par les théologiens comme étant celle qui est à la tête du groupe, au même titre que Pierre l’était dans celui des apôtres masculins. Les spécialistes s’entendent sur le fait que Jésus a apporté aux femmes de son époque une plus grande place qu’elles n’occupaient dans la société juive traditionnelle.
D’ailleurs Marie-Madeleine est une figure importante des récits évangéliques. Il est question d’elle plus de douze fois. Cela est bien davantage que chacun des disciples masculins.
Et bien plus, cette femme à l’aise financièrement soutient le ministère de Jésus à partir de ses ressources matérielles.
Enfin, plusieurs spécialistes pensent qu’elle serait originaire de Magdala, un patelin situé sur la rive du lac de Tibériade, réputé durant l’Antiquité pour ses pêcheurs.
Pleurer comme une Madeleine? Fait à préciser, à travers les récits racontés, Marie-Madeleine c’est aussi Marie de Magdala et Marie la Magdaléenne.
Pendant longtemps, chez les chrétiens d’Occident, c’est-à-dire chez les Catholiques romains, on a faussement colporté l’idée que c’est également elle Marie de Béthanie et la pécheresse anonyme qui a oint Jésus de parfum. Cette association a pris fin en 1965, dans les semaines qui ont suivi la fin du concile œcuménique Vatican II.
Du côté des chrétiens d’Orient, c’est-à-dire l'Église orthodoxe, depuis Jean Chrysostome on a toujours fait la distinction entre ces personnages. Il en a toujours été de même dans les Églises protestantes.
Ainsi donc, l'idée que Marie-Madeleine est une prostituée repentante est fausse et l’expression “pleurer comme une Madeleine” ne fait pas vraiment référence à l'histoire biblique. Cette dernière serait même à bannir du vocabulaire.
Premier témoin de la résurrection Pour l’ensemble des chrétiens, ce qui est le plus important de cette femme est qu’elle est le premier témoin de la résurrection au petit matin du jour de pâques. Concrètement, elle est la première à voir et à témoigner du tombeau vide et, bien avant les autres disciples, la première a qui Jésus serait apparu avec son corps-ressuscité.
Bien que cette femme disciple l’eut bien connu, lorsqu’elle revoit Jésus-ressuscité au matin de pâques, elle le prend d’abord pour le jardinier.
Cela étonnait Jean-Paul Regimbal : « Il est tout à fait intéressant de constater qu’après la résurrection de Jésus-Christ, tous ceux qui l’avaient connu avant sa mort ne le reconnurent pas instantanément dès qu’il se montrait à eux. » Pour ce membre de l’Ordre des Trinitaires, décédé le 8 septembre 1988, Jésus doit être « re-connu » a chaque matin de pâques de la vie humaine et que cette « re-connaissance » est un cadeau, voire une grâce divine, donné par l’Esprit saint.
Libérée de sept démons Outre ce moment important de l’histoire chrétienne, selon les évangiles, son parcours est également marqué par sa présence au moment de la crucifixion, de la mise au tombeau de Jésus et que ce dernier l’ait libérée de sept démons .
A-t-il vraiment exorcisé Marie-Madeleine?
Pour Bruce D. Chilton, un spécialiste des textes bibliques anciens, la figure des « sept démons » peut signifier qu’elle a subi sept exorcismes sur une longue période, les premiers s'étant révélés partiellement ou totalement infructueux.
Autre spécialiste, le professeur américain Bart D. Ehrman conclut que le chiffre sept peut n'être qu’un chiffre symbolique, parce que, dans le judaïsme, ce nombre désigne l'achèvement, la complétude, la perfection. Cela pourrait simplement vouloir dire que la vie de Marie-Madeleine était entièrement dominée par la puissance du mal.
Pour les deux exégètes, pour que Jésus pratique un exorcisme d’une telle ampleur, Marie-Madeleine devait souffrir d’un traumatisme grave. La question se pose ici : Souffrait-elle d’un problème en santé mentale? Une chose est sure, Jésus l’a libérée de son mal et a donné un sens nouveau à son existence.
Habituellement, les auteurs des textes chrétiens au style littéraire évangélique aiment les descriptions théâtrales des exorcismes publics de Jésus. Pour la « supposée » possession démoniaque de Marie-Madeleine, ils ne donnent aucun détail, ce qui peut indiquer que les évangélistes ne l’ont pas perçu comme particulièrement spectaculaire ou que Jésus a fait cela en privé. Peut-être aussi qu’il n’y a rien eu de cet ordre et qu’elle menait tout simplement une vie non conforme à la loi juive, ou, encore, qu’elle était atteinte d’une maladie, parce qu’on le sait, à cette époque démon et maladie sont de même nature.