Jean LeBer, la pieuse brodeuse

Par Benoit Voyer

3 octobre 2024

Elle s’appelle Jeanne. Elle est le deuxième enfant de Jacques Le Ber, marchand prospère de Montréal, originaire de Pitres, en Normandie, et de Jeanne LeMoyne, originaire de Dieppe. Elle nait à Ville-Marie, le 4 janvier 1662. Son frère aîné s’appelle Louis. Un jour, son père deviendra le plus riche commerçant de la Nouvelle-France et Jeanne aura trois autres frères: Jacques, Jean-Vincent et Pierre.

Lors de son baptême, Paul Chomedey de Maisonneuve, cofondateur et gouverneur de Montréal, et Jeanne Mance, fondatrice et administratrice de l’Hôtel-Dieu, sont ses parrain et marraine.

Ses frères seront des hommes bien en vue dans la colonie. Louise fera du commerce comme son père. Jacques sera soldat. Jean-Vincent sera choisi très jeunes pour être commandant dans la milice de Montréal. Il mourra a l’âge de 25 ans. Enfin, Pierre deviendra religieux. Ce dernier cofondera l’institut religieux des Frères Charon destinés au soin des malades.

Seule fille de la famille, Jeanne sera choyée par ses parents et ses frères.
Son oncle est Charles Lemoyne, le fondateur de la ville de Longueuil.
De 1674 à 1677, elle étudie chez les Ursulines, à Québec. Avec les religieuses, elle s'initie à la broderie, un art dans lequel elle excelle. Fille pieuse, les Ursulines souhaitent en faire l’une d’elles, mais elle ne sent pas l’appel. Ses études terminées, Jeanne rentre à Montréal.

Et puis, pas question de se marier. A partir de 1677, elle refuse les plus beaux partis de Ville-Marie...

Jeanne a un grand attrait pour le silence, la solitude et la prière. La vie contemplative, c’est son seul intérêt.

À 18 ans, son père et sa mère, avec l’accord de François Séguenot et des Messieurs de Saint-Sulpice, responsables de la paroisse,
lui accordent le souhait de vivre en recluse dans la maison familiale. Ainsi, retirée du monde, elle ne parle presque jamais. Ses seules sorties sont pour aller à la messe, à 5h du matin, dans l’église paroissiale.

Le 5 août 1695, elle déménage dans la maison de la Congrégation de Notre-Dame où Marguerite Bourgeoys et ses compagnes l’accueillent. Elle y poursuit sa réclusion dans une minuscule pièce qui comprend une petite fenêtre ouverte sur le sanctuaire de la chapelle.

Sans cesser de prier, elle coud et brode linges et ornements liturgiques et confectionne des vêtements pour les pauvres.

Le 3 octobre 1714, à 9h, elle décède à l’âge de 52 ans.
De nos jours, Jeanne Leber repose dans la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours, à Montréal.

Depuis le 28 octobre 2015, sa cause en vue d’une future béatification et canonisation est à l’étude au Vatican.

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Un livre à lire : « Jeanne LeBer, la priante et la brodeuse » de Denise Lamarche (Éditions Carte Blanche, 2004) En vente a la boutique de la Chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours, a Montréal