Le drame de Laurent Jean

Par Benoit Voyer

6 octobre 2024

Le samedi 7 octobre 1967, au petit matin, vers 7h, près du lac de la Côte-Jaune, dans la Réserve faunique de La Vérendrye, a environ 107 kilomètres au nord de Maniwaki, « alors qu’ils se promenaient dans le bois et que d’autres chasseurs étaient dans les mêmes parages, l’un de ses derniers, croyant avoir entendu passer un animal, tira »[1]. Mon oncle Laurent Jean[2], 31 ans, est tué sur le coup. Mon autre oncle, Maurice Jean, 29 ans, est blessé à un bras. Il sera soigné à l’hôpital de Maniwaki.

Le journal Le Canada français écrira : « Les deux chasseurs auraient été trouvés par les gardes forestiers de l’International Paper vers les 19 heures. apparemment, un fort contingent de chasseurs sillonnait la région où l’accident est survenu »[3].

La nouvelle sera reçue comme un drame, particulièrement pour maman qui était particulièrement proche de Laurent. On s’imagine le drame vécu au 929, de la rue Saint-Jacques, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Tante Margo[4] se retrouve veuve avec trois enfants en bas âges, soit ma cousine Diane et mes deux cousins Michel et Luc, dont mes parents sont la marraine et le parrain.

Le corps de Laurent rentrera à Saint-Jean-sur-Richelieu dans un ambulance de l’entreprise Oligny qui est allé le chercher à Maniwaki.

La police de la Sureté provinciale, détachement de Maniwaki, mènera une enquête afin de connaître les circonstances exactes de l’accident et établir les responsabilités. Les archives de la police provinciale n’existant plus, il est impossible de revoir les dossiers des enquêteurs.

De son côté, le rapport du coroner Jean Lécuyer[5] nous donne ses conclusions. Il y a eu négligence criminelle. Il écrit : « André Croteau et Lionel Croteau naviguaient sur La Côte Jaune a la recherche du gibier – ils allaient accoster sur la petite île flottante, ils ont vu « une ou deux taches qui bougeaient à environ 50 pieds du rivage ». Ils croyaient que ce pouvait être un ou deux orignaux. Ils ont immédiatement fait feu sans plus. Ils auraient dû regarder plus longuement, s’approcher afin d’être certains qu’ils ne faisaient pas feu sur des êtres humains. De faits. Les deux taches mentionnées, c’étaient deux autres chasseurs, Laurent Jean et Maurice Jean. Ils ont tué Laurent Jean. »[6] Les Croteau étaient domiciliés au 27, rue Blais, a Laprairie. Les frère Jean habitaient le 929, rue Saint-Jacques, a Saint-Jean-sur-Richelieu.

Cela est la version officielle du drame que retiendra le coroner, Le Canada Français, La Presse[7] et La Voix de l’Est[8].

Durant toutes ma vie, j’entendrai parler de ce drame, chacun y allant de ses hypothèses ou petits bouts de vérité, allant même jusqu’à affirmer que l’enquête de la police n’est pas allée assez loin dans son enquête.

Au salon funéraire, l’émotion sera à son comble.

Laurent sera inhumé dans le lot 307D du cimetière de Saint-Jean-sur-Richelieu, situé sur la rue St-Jacques.[9]

La Voix de l'Est, 9 octobre 1967

La Presse, 10 octobre 1967

Le rapport du coroner, page 1

Le rapport du coroner, page 2

Le rapport du coroner, page 3

Laurent Jean

[1] Cf. La Voix de l’Est, 9 octobre 1967 (BANQ)
[2] Avis de décès. Le Richelieu, 19 octobre 1967, p.6 (BANQ)
[3] Cf. « Tué par des chasseurs », Le Canada français, 12 octobre 1967, p.3 (BANQ)
[4] Marguerite Dumesnil, de son vrai nom
[5] Cf. « Tué par des chasseurs », Le Canada français, 12 octobre 1967, p.3 (BANQ)
[6] Cf. Le rapport du Coroner Jean Lécuyer.
[7] Cf. La Presse, 10 octobre 1967, p.6
[8] Cf. La Voix de l’Est, 9 octobre 1967
[9] Trouver l’avis de décès, la date des funérailles et d’autres détails sur les obsèques.