PSYCHOSPIRITUALITÉ: La « génération i »


La « génération i »

Plusieurs sociologues appellent ces jeunes la « génération i ». Elle est apparue dans les années 1980, après que la « génération x » ait atteint l'âge de raison. Les membres de cette génération se caractérisent par trois « i »: indécision, incertitude et identité.

Parmi les trois « i », c'est la question de l'identité qui est le grand problème. Trouver sa mission de vie, voire sa vocation, est très difficile pour les personnes de cette génération.

Puisque le souci d'une vie intérieure saine est loin de leurs préoccupations, ces gens semblent se diriger vers une impasse majeure: ils ne connaissent pas leur véritable potentiel.

Le membre de la « génération i » est souvent en crise. Le moindre choc est, pour lui, une véritable catastrophe. Pourtant, la crise est normale, mais lorsqu'il n'y a pas en soi de ressources pour la traverser, elle devient un drame. Celui-ci semble surtout affecter les hommes puisque 80% des suicides sont commis par eux.

D'ailleurs, les gars de cette génération occupent l'attention des intervenants sociaux puisqu'ils sont les nouveaux « démunis en intériorités ». Depuis l'avènement du féminisme, depuis que les rôles sociaux ne sont plus définis, la gent masculine est en déroute.

Ce n'est pas seulement au chapitre de l'intériorité que ces personnes sont affectées, mais aussi dans la voie du choix de carrière. Elles mêlent la quête de soi avec la quête de succès. Puisque l'emploi n'est pas, pour elles, un gagne-pain, mais le fondement de l'identité, elles ont peur de s'identifier à une profession, surtout lorsqu'il s'agit de titres généraux comme ceux de « journalier » ou de « professionnel ». Elles savent fort bien que l'emploi est le symbole de ce que l'on est, donc de l'image que généralement les autres auront de soi.

Le problème identitaire va jusque dans la sexualité. À les écouter, l'hétérosexualité est une voie marginale. La mode est à la bisexualité.

Une autre problématique de cette génération est qu'elle n'a pas été habituée à faire des choix. Lorsqu'il est question d'en faire, elle ne sait pas quoi choisir ni vers où se diriger. En ce XXI siècle, on a l'embarras du choix. Les gens de cette génération vivent le « syndrome du buffet ». Plus il y a de possibilités, plus on hésite. À la fin, on ne fait aucun choix. Lorsqu'on connaît pleinement son identité et sa vocation, il est plus facile de traverser les crises de la vie et de prendre de bonne décisions, c'est-à-dire de ne plus vivre dans l'indécision et l'incertitude.

Il n'y a pas bien des solutions pour sortir cette génération du drame des trois « i ». La plus évidente est la rencontre de personnes significatives qui vivent à plein leur vocation, voire leur mission. La « génération i » a besoin de modèles qui vivent loin de la médiocrité.

Pour l'aider, il faut ajouter un quatrième « i »: l'intérêt humain. C'est la voie de l'accompagnement. Celle-ci se fait discrètement en offrant son amitié et sa disponibilité, dans le respect des différences (« Je suis pleinement ce que je suis et tu es pleinement ce que tu es. Nous ne sommes pas nécessairement en accord, mais j'ai du plaisir à bavarder avec toi! ») et de leurs choix du moment. Bien entendu, cette attitude doit être sincère et respectueuse.

C'est la voie de la gratuité. C'est In voie du cœur.

Il y a aussi cinq autres attitudes qui peuvent aider la « génération i » à se sortir de l’indécision : refuser les influences excessives des personnes autour de soi; ne pas avoir peur de se tromper; déterminer ses critères de décision, c’est-à-dire qu’il faut identifier ce qu’on cherche; cultiver l’art du compromis, car aucun choix de vie n’offre que des avantages, et s’informer.

Benoit Voyer, Granby

(Voix de l’Est, 22 juillet 2006, p.27)