Il voulait travailler auprès des marginaux
On lui confie un poste à l'Assemblée des Évêques du Québec
MONTRÉAL - «je voulais, en sortant du milieu où je besognais, aller travailler auprès des marginaux, car j'avais accumulé plusieurs années d'expérience auprès de ces personnes», dit Guy Saint-Onge, le nouveau secrétaire général de l'Assemblée des évêques du Québec (AÉQ).
Lors de sa nomination, il n'a pas hésité à lancer à la blague aux bergers diocésains : «Ce n'est pas avec cette sorte de marginaux que je voulais aller travailler!» Une façon de dire aux évêques qu'ils le sont parfois.
Il ne s'attendait pas à cette offre. Un certain soir, il reçoit un appel téléphonique d'un membre du comité de sélection de l'AÉQ : «Vu que tu es en année sabbatique et que nous cherchons un secrétaire général ... Nous faisons appel à tes services. Il faudrait y penser ... »
Il n'a jamais postulé pour ce travail. Étant déjà connu des évêques, la proposition est venue d'elle-même.
Guy Saint-Onge est membre des Frères de Saint-Gabriel depuis 1951. En 1970, il devenait prêtre. Il fut supérieur de sa congrégation durant quinze ans. Sa fonction le conduisit à la présidence de la Conférence religieuse canadienne (CRC) pendant quatre ans et de la section québécoise de la CRC au long de quatre autres années
«La CRC m'a amené à participer aux réunions plénières de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) et à des comités d'évêques et de religieux. C'est là que j'ai eu l'occasion de connaître presque tous les évêques», raconte-t-il.
Son travail
La majorité des dossiers de l'AÉQ passent entre ses mains. Il coordonne plus d'une douzaine de comités où la cueillette d'informations et de commentaires se fait. Ces tables thématiques regroupent des évêques et des spécialistes laïques qui réfléchissent ensemble à différents dossiers d'actualité. La plupart des événements de la société québécoise trouvent un écho à l'Assemblée. Il est aussi secrétaire de groupes comme le Conseil exécutif de l'AÉQ., la Fondation de l'AÉQ et de l'Office de la catéchèse du Québec. Il passe la moitié de son temps en réunions.
«L'AÉQ est un lieu d'échanges permanent», explique le religieux. «Si tu voyais le monde qui passe ici ! C'est presque le Gare Windsor! Il y a régulièrement des rencontres»
Il n'a pas peur de souffrir de «réunionnite» (la maladie des réunions). Il connaît ce genre d'emploi. Pendant 20 ans, son travail en communauté lui a imposé des centaines de réunions. Est-ce qu'il y a un danger à trop en faire? «L'inertie est à surveiller !» insiste-t-il.
Il poursuit : «Cela nous ramène au problème de la communication. Si les évêques se réussissent autant, c'est qu'ils sont soucieux de bien communiquer entre eux pour trouver ensemble des solutions et, aussi, pour être capable de communiquer avec le public. Ils veulent que leur parole soit nuancée.»
Communication
Est-ce que l'Église sait vraiment communiquer avec le monde d'aujourd'hui ? «Elle est en train d'apprendre. Plus on est proche de la base, mieux ça va. Pour un curé ou un animateur de pastorale dans un petit milieu, c'est relativement facile. Quand on travaille au Vatican et qu'on s'adresse à l'univers, la pédagogie est très difficile à trouver et souvent on a l'impression de ne pas la trouver. Des fois, ce n'est pas le message qui fait défaut, mais la façon de le présenter», explique Guy Saint-Onge.
Il trouve que les évêques du Québec s'améliorent, car ils se donnent des moyens. Ils se font régulièrement conseiller par des spécialistes. Cependant, il remarque que dans l'écrit, il reste beaucoup à faire. Pour lui, la façon de livrer le message est souvent trop magistrale.
Benoît Voyer
(Revue Sainte Anne, juin 1996, page 251)
