Dieu le Saint-Esprit dans ma vie


Quelle grande ville d’Amérique ou d’Europe n’a pas son monument au soldat inconnu ? Athènes, la ville de la sagesse, a possédé longtemps un autel au Dieu inconnu. Ne serait-il pas le temps que nous décidions d’ériger au plus intime de notre âme, un monument, un autel sacré a la gloire de l’illustre et divin inconnu qu’est le Saint-Esprit ? C’est à se demander si nous croyons vraiment que le Saint-Esprit est Dieu lui aussi ! Rares sont les âmes qui prient quotidiennement la troisième personne de la très sainte Trinité ; plus rares encore sont celles qui vivent de cet Esprit au point de penser à lui, de lui rendre un culte d’adoration, de se “laisser conduire par la main” comme le dit saint Paul, guidé par cet Esprit d’amour, l’Esprit du Père et du Fils dont il dérive comme d’un seul principe spiritateur.

Et pourtant, cet Esprit divin est le sanctificateur de nos âmes, le vivificateur de l’Église dont nous sommes les membres vivants, le transformateur puissant qui nous rend conformes à l’image du seul vrai Fils de Dieu en qui tous nous sommes fils du Père éternel et enfin l’intercesseur de choix qui plaide notre cause auprès de la Trinité

Sanctificateur :
Il n’y a de vraie sainteté que dans l’amour-charité. “Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu demeure en lui” nous enseigne saint Jean. Mais il ne saurait y avoir de véritable amour surnaturel en nos âmes si Dieu lui-même ne déverse en elles le trop-plein de son propre amour. Or, on sait que l’amour en Dieu n’est autre que l’Esprit saint, la troisième personne de la très sainte Trinité qui procède des deux premières personnes par voie de spiration, par voie d’amour réciproque.

Il est donc tout à fait normal que cet Esprit d’amour opère en nous cette œuvre de sanctification : n’est-il pas lui-même la sainteté même de l’auguste Trinité dont il est l’Esprit saint ? Et cette divine personne commence à nous sanctifier dès le premier instant de notre baptême : “l’amour de Dieu a été diffusé dans vos cœurs par l’Esprit saint”. Cette œuvre de sanctification, il la continue dans le sacrement de confirmation ou nous sommes marqués de nouveau du “sceau de l’Esprit” pour que notre propre sainteté rayonne désormais sur le plan social et ecclésial.

Vivificateur :
La sainteté que l’Esprit saint que l’Esprit nous communique n’est que l’épanouissement normal de la vie divine qu’il infuse en notre être. Tous les dimanches nous disons avec le prêtre : “Je crois au Saint-Esprit vivificateur”. Mais y croyons-nous pour le vrai ?

En fait si nous y croyions sincèrement, nous comprendrions beaucoup mieux comment l’Esprit saint est en réalité l’âme de notre âme. Nous savons tous que le baptême a effectué notre incorporation au corps mystique Mystici Corporis que l’Esprit saint est véritablement l’âme du corps mystique puisqu’il l’anime de la vie divine et qu’il est à la fois tout entier dans le corps et tout entier dans chacun des membres de ce corps. C’est dire que la vie de la très sainte Trinité nous est transmise en définitive par le Saint-Esprit.

C’est cette vérité qui a poussé saint Irénée à écrire cette pensée sublime : de même, dit-il, qu’en la Trinité sainte, la vie divine procède du Père au Fils et ensuite du Père au Fils au Saint Esprit, de même recevons-nous la vie de Dieu en nos âmes, quoique de façon contraire : les baptisés reçoivent l’esprit de Dieu qui les donne au verbe, c’est-à-dire au Fils, et le Fils les présente au Père lequel leur communique l’incorruptibilité.

Transformateur :
 “L’action de l’Esprit saint dans nos âmes est si profonde que saint Paul l’appelle une “régénération”, une naissance nouvelle, une renaissance puisqu’une vie nouvelle et supérieure nous est communiquée.

En réalité, cette opération transformante de l’Esprit saint se fait selon un plan préétabli : c’est que Dieu le Père nous a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils. Or, nous ne pouvons pas être de vrais fils si nous ne sommes pas animés du même esprit dont le Fils unique du Père est rempli. C’est la raison pour laquelle Dieu le Père a envoyé son divin Esprit en nous pour que non seulement nous portions le nom de notre fils de Dieu, mais pour que nous le soyons en réalité ! Dès l’instant de notre baptême “nous avons reçu un esprit de fils adoptifs dans lequel nous nous écrions : Papa ! Père ! Et l’Esprit saint lui-même atteste avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu”, fils dans le seul vrai Fils par la vertu transformante de l’Esprit de Dieu.

Intercesseur :
Cependant le Saint-Esprit ne se contente pas de nous sanctifier, de nous vivifier et de nous transformer à l’image de Jésus ; Il joue un rôle bien particulier en notre faveur auprès du trône de Dieu : celui de paraclet, d’intercesseur. Ce divin intercesseur doit faire éclater la gloire de Dieu en témoignant de la vérité au plus intime des consciences. Il doit nous conduire tous vers la vérité totale pour la gloire de Jésus, l’envoyé du Père.

Et saint Paul nous assure que “l’Esprit saint vient aussi en aide a note faiblesse, car nous ne savons pas ce que dans nos prières nous devons demander ; l’Esprit saint lui-même intercède pour nous par des gémissements ineffables.” Après l’appui d’un tel intercesseur, nous pouvons avoir la certitude morale que Dieu notre Père nous entendra favorablement.

Conclusion : Puisque l’Esprit saint accomplit tant de travail dans nos âmes, n’est-ce pas honteux de voir combien peu nous pensons à lui, combien peu nous l’aimons ? Le temps est venu de prendre une résolution efficace pour restaurer en notre cœur l’autel de ce Dieu méconnu !

Le meilleur moyen de lui prouver notre dévotion envers lui serai de l’invoquer souvent au cœur de la journée pour implorer sa lumière et son secours, de lui demander avec insistance ses dons divins et ses fruits savoureux (surtout ceux de la sagesse et de la charité), enfin de le remercier pour l’œuvre secrète qu’il opère en nos âmes malgré notre ingratitude, notre insouciance et notre oubli !

“Venez Esprit saint, remplissez les cœurs de vos fidèles et allumez en eux le feu de votre amour !”

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 4e année, No. 4, octobre-novembre 1958, pp. 4 et 5. Revue conservée a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (Fonds P049).