Les saints et saintes du Canada

Par Benoit Voyer

29 aout 2024

Le 26 juillet, à l’occasion de la commémoration de la grand-mère de Jésus, celle qu’on nomme traditionnellement Anne et dont mon côté « chrétien a tendance agnosique » pense que ce n’est pas vraiment son vrai prénom, j’ai entrepris la tournée des lieux de sépultures des saints, bienheureux et vénérables de l’Église catholique canadienne. J’ai ajouté à ma liste, des noms de personnes dont les causes sont à l’étude au Vatican ou qui sont sur la liste des futurs dossiers à examiner de près. A titre personnel, j’ai ajouté Jean-Paul Regimbal. Je poursuis ma recherche-rédaction a son sujet, projet que je mène un peu chaque jour depuis mai 2023.

L’activité peut paraître un peu mourante puisqu’il s’agit de personnes mortes, mais j’avoue que c’est très enrichissant sur le plan intellectuel. A chaque visite que j’effectue, c’est une meilleure compréhension de l’histoire sociale et religieuse du Québec et du Canada qui s’offre à moi. A chaque fois, je reviens avec des photos, des notes, des livres… En plus, de me permettre de me documenter, je tente toujours d’établir ma filiation généalogique avec la personne que je visite.

On dit que ce sont de « saintes » personnes. Le Vatican les élèves au rang de saint, bienheureux et vénérables afin d’offrir aux Catholiques des modèles inspirants de vie chrétienne. On le sait bien, personne n’est vraiment parfait! De plus, dans ma formation chrétienne de tradition catholique on m’a toujours enseigné que pour devenir un saint, il faut être parfaitement imparfait afin d’implorer, en toute humilité, le soutien du bon Dieu pour mener à terme sa destinée. Ainsi donc, la perfection dont a toujours parlé la foi chrétienne relève des vertus dites théologales : foi (surtout en la résurrection), espérance (en Dieu) et amour de Dieu, de son voisin et de sa propre personne. C’est un peu ce que dit le vieil adage du judaïsme qui a été repris par le christianisme : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute de ton âme, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même ».

Nouveaux saints d’ici
On le sait déjà, le 20 octobre, la bienheureuse Marie-Léonie Paradis, qui repose dans la cathédrale de Sherbrooke, sera canonisée par le pape François sur la Place Saint-Pierre, à Rome.

De plus, j’apprenais l’été dernier la fin du « procès diocésain » du bienheureux Frédéric Janssoone. Tous les critères en vue de porter le titre de « saint » sont réunis. S’il n’y a pas de problèmes rencontrés dans le dossier, nous devrions apprendre dans les prochains mois ou prochaines années, l’annonce de sa canonisation. Il repose dans la chapelle des Franciscains, qui porte depuis quelques mois le nom de « Sanctuaire du bon père Frédéric », sur le boulevard du Saint-Maurice, à Trois-Rivières.

Ce 28 août a l’occasion de ma visite au Centre Émilie Gamelin, j’ai appris que le miracle attendu est arrivé et bien documenté. Le processus afin qu’elle porte le nom de sainte sera lancé le 20 octobre 2024, à 17h, à la cathédrale Marie-Reine-du Monde, à Montréal, Pour l’occasion, Mgr Christian Lépine, l’archevêque de Montréal, présidera une messe spéciale afin de souligner l’événement. Par la suite, l’étude montréalaise sera déposée auprès de l’équipe chargée de poursuivre la démarche au Vatican.

Mes visites
Comme je l’écrivais, j’ai débuté ma série de visites le 26 juillet. Ce jour-là, je me suis rendu à la Basilique Sainte-Anne, à Varennes, sur le bord du fleuve, en Montérégie. C’est là que repose le corps de sainte Marguerite de la Jemmerais, veuve d’Youville. En soirée, j’ai participé à la messe solennelle en mémoire de sainte Anne. Sur place, il y a un petit musée qui lui est consacré. J’ai eu le bonheur de le visiter et de m’entretenir avec une bénévole. Le magnifique lieu de recueillement est construit juste à côté du terrain ou était jadis la maison ou est née Marguerite. Elle déménagera à Montréal ou elle s’occupera des personnes dans le besoin et fondera la congrégation religieuse des Sœurs de la Charité, surnommées les « sœurs grises » une allusion à son défunt mari qui avait un sérieux problème avec l’alcool.

Le 18 août, j’ai participé à la messe du dimanche de 10h30 à la Chapelle Notre-Dame-de-bon-secours, sur la rue Saint-Paul Est, dans le Vieux-Montréal. J’ai aussi revisité le musée et la boutique de souvenirs.

C’est là que reposent sainte Marguerite Bourgeois et l’ermite contemplative Jeanne Leber qu’on souhaite voir accéder au titre de « vénérable », première étape de trois vers la canonisation. La cause de Jeanne est à l’étude au Vatican.

Marguerite Bourgeois est la première institutrice de Montréal. Elle a été référée à Paul Chomedey de Maisonneuve, le fondateur de la ville, par sa sœur Louise Chomedey, la confidente de la jeune Marguerite. Elle fondera la Congrégation Notre-Dame vouée a l’enseignement et le premier sanctuaire montréalais, la Chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours.

De son côté, Jeanne Leber est la fille de Jacques Leber, probablement le plus riche commerçant de son époque à Montréal, et de Jeanne Lemoine, la sœur de Charles Lemoine, le fondateur de Longueuil.

Enfin, ce 28 août, en matinée, j’avais un rendez-vous avec Lorena Otero au Centre Émilie Gamelin, située sur la rue Grenet, dans le secteur de Cartierville, à Montréal, à deux minutes de l’Hôpital Sacré-Cœur. Le centre est une composante de l’édifice de la Congrégation des Sœurs de la Providence que la veuve a fondée avec Mgr Ignace Bourget. Lorena m’a présenté une vidéo sur les Sœurs de la Providence - qui aurait besoin d’être refaite au gout de notre époque - et fait entrer dans l’univers d’Émilie Tavernier, veuve Gamelin. Le musée est d’une grande simplicité, mais les qualités de conteuse de la guide m’ont fait oublier les détails. Pendant près de 90 minutes, j’avais l’impression qu’elle me racontait l’histoire de sa grand-mère. Ma visite s’est terminée par une visite a la tombe de la bienheureuse Émilie et par une visite de la chapelle des religieuses.

En après-midi, je me suis rendu à la cathédrale Marie-Reine du-Monde afin de visiter la tombe de la vénérable Rosalie Cadron-Jetté qui repose dans la crypte. En vain, je ne l'ai pas trouvée. J'ai téléphoné au bureau de l’archevêché. On m'a dit un peu sèchement : « 'Il y a une personne a la porte de la cathédrale pour répondre à vos questions! ». Malheureusement, après un très long moment à attendre sans que personne ne vienne, j'ai quitté la cathédrale, après avoir envoyé un courriel au bureau de l’archevêché. J’attends encore la réponse… La paroisse de la cathédrale de Montréal aurait intérêt à développer une véritable pastorale d’accueil et du tourisme et ouvrir les portes de ses cryptes mortuaires afin que les visiteurs puissent s’approcher un peu plus des anciens évêques, archevêques et cardinaux et de Rosalie.

Mes vacances annuelles approchent. En plus de faire des activités de plein air et des travaux à la maison, en septembre j’ai le projet de poursuivre mes visites. Sur ma liste figurent bien entendu le saint frère André de l’Oratoire Saint-Joseph, la bienheureuse Marie-Anne Blondin, la vénérable Catherine-Aurélie Caouette, la bienheureuse Marie-Rose Durocher, le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau, la vénérable Élisabeth Bergeron, sainte Kateri Tekakwitha, le bienheureux Frédéric Janssoone et la bienheureuse Marie-Léonie Paradis.

Je t’en reparlerai.

Les sources de mon intérêt pour l’histoire
On me demande souvent d’où me vient cet intérêt pour la généalogie et l’histoire.

L’intérêt pour la généalogie est un héritage familial. Les gens qui viennent du Kamouraska, comme mes parents, je les reconnais quand ils me demandent « T’es un p’tit qui toé » ou « T’es le fils de qui toé? » ou « C’est qui ton grand-père? ».

Pour ce qui est de mon intérêt pour l’histoire, le patrimoine et les saints et sainte du Québec et du Canada, je le dois à l’abbé Gérald Ouellette. En 1992, je fondais avec lui et Alain Massé, le Comité foi et culture Granby et région. La mission de l’organisme était la diffusion de la culture religieuse de tradition catholique à travers les médias et par des activités a saveur culturelle, notamment des pèlerinages où se mêlaient culture et patrimoine. Pendant quelques années avec Gérald et nos nombreux pèlerins, j’ai visité une partie du Québec, de l’Ontario et le Nord des États-Unis. Gérald m’a transmis son grand amour pour ces personnages qui ont marqué leurs époques.