PERSONNES AGÉES: Malaise de chien


Malaise de chien

Des milliers de personnes âgées et de personnes malades souffrent de solitude. Parmi eux, un grand nombre a été abandonné par leurs familles ou ne reçoivent qu'une brève visite de leurs enfants chaque semaine ou chaque mois. Les vieux et les malades sont devenus les lépreux de notre époque. Pendant ce temps, plus de deux millions de pitous et de minous reçoivent des soins et une attention démesurés. Il y a de quoi rougir de honte.

Le dossier sur « Les nouveaux enfants-rois », publié dans Le Devoir des 13 et 14 juin, m'a plongé dans une grande tristesse. En lisant ces lignes, je ne cessais de repenser à Huguette, 76 ans, qui habite rue de l'Esplanade, que je rencontrais quelques heures plus tôt dans le cadre de mon travail de coordonnateur d'un important service d'accompagnement spirituel montréalais. En pleurant, la dame me confiait désirer de la visite pour bavarder, prier, jouer au Scrabble et l'aider à faire son casse-tête de 1000 morceaux.

En lisant les lignes du reportage, on voit que quelque chose ne tourne pas rond dans nos têtes de Québécois et de Québécoises. Nous semblons souffrir d'une névrose collective. Qu'est-ce que nous avons fait de nos valeurs d'amour, de tendresse et de compassion pour les personnes qui nous entourent, surtout pour nos personnes ainées? Il serait le temps de replacer l'humain en tête de nos priorités.

Benoit Voyer
Saint-Jérôme, le 15 juin 2009


(Le Devoir, 23 juin 2009, p.A8)