POLITIQUE: Lettre au Premier ministre du Québec

Lettre au Premier ministre du Québec

Par Benoit Voyer
9 décembre 2025

Monsieur le Premier ministre,

Bien que cela puisse rapidement changer, les sondages des derniers mois nous disent que le Parti québécois (PQ) formera le prochain gouvernement. Si cela se réalise, nous entrerons en processus référendaire. L’option fondamentale du PQ est toujours la même depuis la fin des années 1960 : tout faire pour que le Québec devienne un pays.

Comme vous, je ne suis pas chaud à l’idée d’un troisième référendum. Je ne suis pas contre l’accession à l’indépendance, mais l’idée qu’il soit perdant refroidit mon enthousiasme et ravive mes inquiétudes.

Néanmoins, il faudra tôt ou tard régler la question.

J’avoue qu’un référendum gagnant ou avec un fort score pourrait être un objet de négociation redoutable avec le Canada. Vous vous en souvenez, « lors du dernier référendum, l’Action démocratique du Québec (ADQ), dirigée par Mario Dumont, avait appuyé le camp du Oui. De mémoire, l’ADQ souhaitait un vote favorable afin de renégocier une entente constitutionnelle avec le Canada. Le modèle proposé favorisait la pleine autonomie des provinces au sein d’une véritable confédération d’États membres. L’idée demeure d’actualité et demeure à mes yeux la meilleure voie d’avenir pour le Canada. C’est pour cette raison que je demeure en faveur du référendum proposé par le PQ. » [1]

Mais il pourrait aussi être perdant. Si la population dit non à ce projet de société, la question sera réglée une fois pour toutes. Et la raison d’être du Parti de René Lévesque n’existera plus. Il n’y aura jamais plus de référendums sur cette question. Et le PQ pourra enfin disparaitre avec les derniers baby-boomers.

Tout ce préambule pour vous demander, dès la rentrée parlementaire de l’hiver, de lancer vous-même ce référendum. Imaginez l’effet de surprise chez les péquistes qui s’imaginent diriger le prochain scrutin référendaire. Vous aurez une longueur d’avance sur eux et la forte possibilité d’être réélu à la tête du Québec à l’automne 2026.

Je termine avec le discours que j’aimerais vous entendre prononcer à l’Assemblée nationale. On peut bien rêver un peu et, on ne sait jamais, cela pourrait vous inspirer:

« Madame la présidente,

Si les sondages disent vrai – et je vais tout faire pour les faire mentir –, le prochain gouvernement serait formé par le Parti québécois. Cela voudrait dire la tenue d’un troisième référendum sur l’indépendance du Québec et l’utilisation des ressources gouvernementales pour y parvenir. Et on le sait depuis toujours, un gouvernement socialiste coûte cher aux contribuables.

Je ne suis pas chaud à l’idée d’un autre référendum. Je me suis souvent exprimé à ce propos.

Mais, pour reprendre René Lévesque, « l’indépendance est possible économiquement, politiquement et humainement. Il faut être aveugle, ou avoir une carrière ou des intérêts à défendre, pour ne pas en être convaincu. » [2]

Puis, comme disait Robert Bourassa dans cette assemblée : « Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement. » [3]

De son côté, Jean Charest a admis que « oui, nous avons les moyens. Personne ne remet en question la capacité du Québec financièrement […] [mais] la vraie question est la suivante : qu'est-ce qui est dans notre intérêt, à nous? ». [4]

La question est importante : Qu’est-ce qui est dans l’intérêt des Québécois et des Québécoises ?

En ce moment, bien que je ne sois pas toujours en accord avec le fédéral, je pense qu’il serait mieux de rester au sein du Canada.

Au-delà de cette opinion personnelle, je suis depuis toujours un démocrate. C’est pour cette raison que je veux régler une fois pour toutes la question de l’indépendance du Québec en invitant le peuple du Québec de toutes origines à répondre à la question : Voulez-vous que le Québec devienne un pays indépendant ? Oui ou Non. »


Merci d’avoir pris le temps de me lire. En espérant une réponse, Monsieur le Premier ministre, recevez l’expression de ma considération respectueuse.

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[1] Benoit Voyer. « A l’aube du 3e référendum? » https://benoitvoyerenliberte.blogspot.com/2025/12/politique-laube-du-troisieme-referendum.html
[2] Jean Sisto, « Le Québec deviendra un État associé doté d’un statut spécial au sein de la Confédération ou bien le Québec sera indépendant », René Lévesque, La Presse, 11 mai 1964, p. 17, https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2758617
[3] Robert Bourassa, Discours à l’Assemblée nationale du Québec lors du rejet de l’accord du lac Meech, 22 juin 1990, https://www.sqrc.gouv.qc.ca/documents/positions-historiques/positions-du-qc/partie2/RobertBourassa1990-1.pdf
[4] « « Oui, nous avons les moyens », Jean Charest, Radio-Canada, 7 juillet 2006, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/313678/charest-diouf