C'ÉTAIT LE PASSÉ DU PRÉSENT: La dévotion mariale en perte de vitesse


La dévotion mariale en perte de vitesse

«Je pense que la dévotion mariale s'est refroidie. On l'a rendue un peu aride. Le défi de l'heure est au niveau théologal. Il faut redécouvrir le Vierge avec le regard de Dieu, à la lumière des textes bibliques», lançait le père Yoland Ouellet lors du 1er congrès provincial marial

Il n'était pas question, pour lui, de terminer ce panel du samedi en cachant la réalité. Puisqu'il s'agissait d'une conclusion, la foule entassée dans une salle étroite de la Maison de la Madone n'a pas eu la chance de s'exprimer.

Cependant, les réactions favorables et défavorables étaient perceptibles. Comme ce prêtre, quelques participants ont également exprimé des réalités qu'on se permet rarement devant ce type de public. La majorité des participants provenaient de regroupements catholiques reconnus comme étant de la droite ou qui croient inconditionnellement aux dernières supposées apparitions de la Vierge.

«Lorsqu'arrive une nouvelle révélation, celle qui était à la mode la veille est mise de côté. Pour connaître Marie, il faut la chercher dans la Parole de Dieu», disait Marie-Thérèse Chevalier. Elle abondait, ainsi, dans le sens de l'encyclique mariale du pape Jean-Paul II publiée en 1988.

L'histoire de Notre-Dame telle que racontée par les évangélistes est la seule façon de maintenir des liens oecuméniques avec les autres grandes religions chrétiennes. «Il est certain que la Marie que les Protestants vont accepter est celle de l'Évangile. Il ne faut jamais l'oublier!» ajoutait la rédactrice en chef de «Jésus, Marie et notre temps».

Un participant de la paroisse catholique de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie à Cornwall a raconté que chaque matin un pasteur anglican et son épouse se joignent à leur groupe de prières pour la récitation du Rosaire (1). «Marie n'est pas seulement pour les Catholiques» s'est exclamé l'homme.

De son côté, le recteur du sanctuaire national de Cap-de-la-Madeleine s'est montré encourageant: «Au long de la dernière année de pèlerinages, 700 000 fidèles ont participé aux célébrations du Sanctuaire, dont 100 000 durant la Neuvaine de l'Assomption». Il lui est impossible de comptabiliser les milliers d'individus qui se sont rendus en visiteurs et les gens qui ont suivi la neuvaine à la télévision. Le nombre peut facilement dépasser 1,5 million de personnes.

La dévotion mariale est en perte de vitesse. À quoi ressemblera-t-elle dans quelques années quand ces 4000 congressistes - dont les 2/3 étaient visiblement, des gens à la retraite - ne seront plus là? Il faut donc comprendre l'empressement du jeune Père Ouellet à faire connaître et aimer Marie: «On a à souhaiter que la dévotion se réchauffe! Pour ce faire, il faut y mettre tout son coeur»

Les propos de l'Oblat de Marie Immaculée ne sont pas loin de ceux du cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican: «Si la Sainte Vierge a toujours été essentielle à l'équilibre de la foi, retrouver aujourd'hui cette place est devenu d'une urgence rare pour l'histoire de l'Église»(2).

Benoît Voyer

Notes
(1) Un rosaire est l'équivalent de 3 chapelets
(2) Entretien sur la foi; Joseph Ratzinger et Vittorio Messori; traduction française sous la direction du Cardinal Édouard Gagnon, Fayard, 1985, page 122.