MON HISTOIRE: C’était l’année de l’Expo

Soeur Pierrette Jean, notre famille et les enfants d'oncle Laurent
C’était l’année de l’Expo

Par Benoit Voyer

28 novembre 2025

« P’tit Jésus, bonjour mes délices, mes délices. P’tit Jésus, bonjour mes délices et mes amours. J’ai rêvé cette nuit que j’étais au paradis. Ce n’était qu’un songe, mon cœur est attristé d’un si beau mensonge. »

La chanson interprétée sur disque par Arthur Lapierre figure dans le répertoire des berceuses de maman. « Mémère Claire » la chantait aussi.

Dans sa berceuse bien en vue dans la cuisine de la rue Saint-François, à Granby, maman me colle tendrement en chantonnant.

J’ai eu une mère exceptionnelle dans le soin des poupons. Elle adore me bercer et, comme tous les bébés, j’adore ça. Maman sait comment me réconforter et calmer mes petites tristesses.

Il faut le dire aussi : maman cuisine très bien et tient admirablement bien sa maison. C’est tout un défi avec quatre enfants ! C’est un job à temps plein et le temps supplémentaire est quotidien. Elle a très peu de temps pour se reposer.

Papa est mon idole. Souvent, en soirée, après ses heures de travail en « overtime » à l’usine Esmond, située au coin des rues Cowie et Saint-Charles Sud, je l’attends dans mon lit. J’ai toujours hâte de le revoir. Il prend quelques minutes pour me coller et me promener dans ses bras dans le couloir de la maison.

Expo 67

Comme chantait le groupe Beau dommage : « En 67, tout était beau. C’était l’année de l’amour, c’était l’année de l’Expo ».

À partir du 27 avril, Montréal est l’hôte de l’Exposition universelle de 1967 sur le site de Terre des hommes, une île construite de toute pièce pour l’événement. Ma cousine Claire, Pauline, Yvon, papa et maman iront visiter cet endroit qui deviendra mythique pour bien des Canadiens-français. 

Expo 67
Parmi les illustres invités à l’événement figure le général Charles de Gaulle, président de la France. Le 24 juillet, il lance un “Vive le Québec libre” du haut du balcon de l’Hôtel-de-Ville de Montréal. Incident diplomatique ou acte volontaire, les historiens ne s’entendront jamais sur la question. Une chose est sûre : sa phrase résonnera bien longtemps dans la mémoire collective, surtout chez les indépendantistes québécois.

Dans mon cercle rapproché, d’autres histoires marqueront ces mois d’été. Ils feront ombrages a l'Expo.

Mariette et Réal
Dans la famille de maman, le 10 juin, à Mont-Saint-Grégoire, Réal épouse Mariette Brochu. 

Serge et Doris
Doris épouse Serge Blouin le 31 décembre, dans la région de Montréal. Leur fils Richard naitra le 26 juillet 1967, soit un peu moins de sept mois après. Thérèse, 24 ans, fréquente Jean-Marc Turgeon. Le 27 juillet 1968, ils uniront leurs destinées dans l’église de Mont-Carmel.

À cause de la logistique familiale, mes parents ne participeront à ces événements. 

Edgar
Le 11 juillet, à l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima, à La Pocatière, décède mon grand-père Edgar Voyer, le père de papa. Les funérailles et l’inhumation ont lieu à Mont-Carmel, le 14 juillet 1967, trois jours avant l’anniversaire de naissance de Camille, l’aîné du clan Voyer. Bien entendu, tous mes oncles et tantes convergeront vers l’arrière-pays du Kamouraska pour lui rendre un dernier hommage. Le 5 juin, grand-père avait eu 78 ans. Bien qu’il fût au courant de ma naissance, je n’aurai jamais l’occasion de le toucher.

C’est dans ce contexte particulier que, durant les vacances estivales de papa, c’est-à-dire dans la troisième et quatrième semaine de juillet, je ferai mon premier voyage à Mont-Carmel, au Bas-Saint-Laurent.

Le 7 octobre, un drame surgira.