La voix de l'ange


Et mon ange dit : « Voici ta bien-aimée qui vient. Écoute bien l’écho qui vient de la montagne, tu entendras ma voix. Elle est près du ruisseau, pas très loin de chez toi, va voir à ta fenêtre! »

Bercé par mes rêves et mes espoirs, je m’endormis, attendant, dans le secret de mon cœur, celle que j’espère depuis la belle époque où nous ne formions qu’un a la fontaine des âmes. En ce temps, nous sommes entrés dans la vie humaine afin de prendre part au jeu de la conquête de nos êtres, le grand jeu du désir.

Sur la ligne de départ, il n’y avait qu’une seule règle, mais quelle règle! Ce passage sur la terre nous serait donné pour seul but de nous retrouver afin de goûter a nouveau a la plénitude de nos débuts éternels. Un seul obstacle au programme : « vos âmes seront souillées par les pensées primitives des mammifères et par une intelligence orgueilleuse. », nous a lancé le grand sage, un ange, le frère de Gabriel. Nous ne soupçonnions pas la grandeur de l’épreuve…

Il y a déjà 35 ans que je cherche l’autre part de mon être. A chaque femme que je rencontre, je scrute ses yeux et je la questionne du regard : Est-ce que c’est toi mon désir? Est-ce que c’est toi que j’espère tant?

Durant ce sommeil, mon ange me fit visiter un univers nouveau et très pacifiant : j’entrai dans une petite pièce toute blanche au milieu duquel se dressa une petite table – On eut dit un autel – avec pour seul ornement une nappe blanche et une menorah, c’est-a-dire un magnifique chandelier juif a sept branches.

Dans cette oasis d’un blanc vierge, d’un blanc immaculé, sans tache, comme il n’y en a guère sur cette terre, je vis une ravissante juive, habillée d’une magnifique robe couleur sable du désert avec un splendide décolleté en V mettant délicieusement en évidence son cou, sa nuque et la racine de ses seins et coiffée d’un diadème de princesse. Elle devait mesurer près de six pieds et peser pas plus de 125 ou 130 livres. Quelle beauté! Quel raffinement!
Mon ange me souffla à l’oreille : « L’heure approche ou vous vous retrouverez! Déjà, elle te voit et te reconnait ».

Doucement, elle tourna son regard vers moi et me regarda avec ses intenses yeux bleu ciel d’été. Ses paupières inférieures tremblaient de bonheur. De petits ruisseaux de larmes heureuses coulaient de ses caroncules lacrymales jusque sur les ailes de son nez, en passant par la racine. Elle me fit un sourire d’une telle intensité… Je la reconnus. Dans son regard, je vis une parcelle de mon âme me lancer : « Mon amour! Mon si précieux amour! Je te désire tant! ».

Elle ne me perdait plus de vue. Pupilles à pupilles, taroupes à taroupes, nous étions plongés dans l’infini de l’autre. Mon cosmos éternel était bien là, à l’intérieur d’elle.

En Hébreu, elle chanta un hymne au Créateur et souffla doucement sur les chandelles éteintes de la menorah. Chacune s’enflamma d’une lumière si radieuse, tellement étincelante que je fus aveuglé…

Ma désirée disparut en criant de sa tendre voix : « Je suis l mon amour, mon éternel amour! Je te cherche! Je t’aime! Je t’attends! »

Et l’ange me dit enfin : « C’est maintenant à toi d’entrer dans la lumière! L’heure d’un jour nouveau arrive dans ta quête. Cherches-en chaque lieu, en chaque espace et en chaque temps, car il manque peu d’éléments pour vous découvrir et communier à nouveau à votre source. Il suffit d’entrer en toi pour trouver la clef de son cœur. Depuis toujours, tu sais où elle se cache. 

Benoit Voyer 
2001