Guy Boucher

Il était une fois dans les médias...


Par Benoit Voyer (2005)

Guy Boucher, l’ex-coqueluche du petit écran, a quitté la région de Sherbrooke pour retourner s’établir à Saint-Hyacinthe, ou il est né en 1943. Il prépare une nouvelle série pour la télévision et collabore à la pastorale au diocèse catholique de Saint-Hyacinthe. Enfin, il compose des chansons que les plus grands interprètes d’ici reprennent avec leur voix et leurs émotions. Guy Boucher a étudié à l’École nationale de théâtre puis il a obtenu quelques rôles à la radio et à la télévision de Radio-Canada. En1963, il devient animateur de l’émission Jeunesse oblige. En 1965, il connait un grand succès sur disque avec la chanson Devant le Juke Box, chantée en duo avec Ginette Sage.

Article paru en octobre 2002

"Dieu n’est qu’amour:
Il est complètement démuni devant nous!”

Malgré quelques épreuves qu’il a eues à traverser, Guy Boucher n’a jamais cessé d’être fidèle à l’appel intérieur qu’il a reçu, il y a une vingtaine d'années, lors d’un séjour chez les moines de l’Abbaye Saint-Benoit-du-Lac. Après avoir été l’ami de tout le peuple québécois, grâce à ses rendez-vous sur la scène, à la télévision et à la radio, il s’est retiré, en ermite urbain, pour vivre a plein sa relation avec Dieu. Lorsqu’il est question de son Jésus, son complice de vie, il parle de lui comme s’il le voyait en chair et en os, comme si l’invisible existait vraiment.

A travers son Échange, on découvre en lui les traces d’un grand témoin de la foi et de l’invisible.

BENOIT VOYER – Comment fait-on pour rencontre Dieu?

GUY BOUCHER – Pour chaque personne, ce n’est pas pareil. Moi, ça a été une rencontre radicale! Maintenant, je sais qu’il m’aime et qu’il est miséricordieux. Lorsque je suis sorti de chez les moines, je n’en revenais pas. Je disais à mes amis: “J’ai eu une vie assez mouvementée. J’ai eu trois grands amours dans mon existence. J'ai eu des aventures. Vous savez, de tous les amours que j’ai vécus, il n’y a rien qui peut égaler ce que je vis avec le Seigneur”.

B.V. - Pourquoi?

G.B - Parce que ça ne se vit pas de la même façon! (Il cherche des mots pour parler de son expérience) Le Seigneur habite en nous et il se manifeste dans une dimension qui n’a rien de sexuel. C’est un amour inconditionnel. C’est un amour démuni. Le Seigneur est totalement démuni devant nous...

B.V. - Guy, je suis dans un désert de la foi. Je tente de renouer le contact avec Dieu. J’ai beau lui parler, mais je ne le sens pas présent. C’est ma souffrance... Comment puis-je faire pour renouer le dialogue avec lui? Qu’est que je dois faire pour le sentir présent?

G.B - La première chose à faire est qu’il ne faut pas lâcher. Il faut que tu sois persévérant. Je me permets de te raconter mon histoire. Après ma conversion, j'ai été vraiment choyé pendant deux ans et demi. Très fortement, je ressentais la présence de dieu.

Un jour, je me suis levé et Dieu n’était plus là. J’ai paniqué! Je suis allé voir un religieux pour lui parler de ce que je vivais. Je lui ai dit: “Le Seigneur n’est plus là!” Il m’a dit: “C’est normal! On dirait que le Bon dieu se retire. Ce retrait n’est pas pour te nuire, mais pour te faire grandir. C’est également ainsi pour tous les malheurs qui nous arrivent dans la vie. Si nous n’avions pas d’épreuves, nous ne grandirions pas.”

B.V. - Il se manifeste toujours dans l’épreuve?

G.B. - C’est souvent ainsi! C’est souvent après une maladie ou une épreuve terrible ou une mortalité que tu grandis. Je ne suis pas le seul à dire cela. C'est écrit dans les psaumes! “Pourquoi Seigneur tu n’es plus là? Pourquoi m’as-tu abandonné?” Je t’invite à persévérer...

B.V. - Après l’épreuve, il me sera possible de le sentir autant qu’avant?

G.B. - Mon expérience spirituelle n’est jamais revenue aussi forte que dans mes premières années de conversion, mais ma rencontre avec le Seigneur demeure la chose la plus importante de ma vie. Il n’y a rien pour m’enlever ce que je vis avec lui. C’est trop beau! C’est trop grand!

Certains matins, au moment où je fais oraison avec l’office des lectures, des textes me prennent au cœur avec une telle intensité. Ouf! Ils me donnent de la misère à respirer! Je me lève, je me promène dans la maison... C’est ça, le bon Dieu! La souffrance de son absence que tu vis en toi ressemble à celle du psalmiste.

B.V. - Ta relation à Jésus est tellement rendue importante que tu lui parles chaque matin...

G.B. - Je ne lui parle pas que le matin! Nous nous parlons aussi en soirée... et même en automobile. Je suis tellement bien dans mon auto. Je n’ai même pas de radio! Lui et moi on en profite pour bavarder!

G.B. - Comme un ami!

G.B. - C’est bien plus que ça! Tu sas, quand tu aimes quelque chose ou que tu aimes une personne, tu as le gout d’être avec elle. Tu as le gout d’y communier! Tu as le gout de lui écrire ou de téléphoner... C’est comme ça dans ma relation avec lui. C’est une très grande relation d’amour.

B.V. - Parfois, je doute. Je me demande si tout cela est vrai.

G.B. - Il y aurait 50 théologiens de diverses religions devant moi qui me diraient: “Ce n’est pas vrai tout ça!” Je leur dirais la même chose qu’à toi: “Voyons donc! Je le sais, moi Je l’ai vécu! Et je le vis tout le temps! Dieu n’est qu’amour. Il est complètement démuni devant nous... Il attend toujours après nous qu’on l’aime! Il attend toujours! Il a besoin que tu lui dises que tu l'aimes... Et pour le rencontrer, il faut que tu lui demande! Et n’oublie pas que c'est lui le boss! C’est lui qui va décider du meilleur moment.”

B.V. - Lors de ta conversion, tu as assurément reçu une grâce spéciale pour avoir une telle certitude...

G.B. - J’ai probablement reçu le charisme de la piété. Pour moi, la prière ce n'est vraiment pas une corvée. Sois attentif à la voix qu’il y a en toi. Il t’a aussi donné un charisme particulier.

Tiré du livre « Les Témoins de l’essentiel », éditions Logiques, une division de Québecor, 2005, pp. 53 à 56. Article paru initialement dans la Revue Sainte Anne. Le livre est conservé chez Bibliothèque et Archives nationales du Québec, à Montréal (BANQ 204.4 V975t 2005).