Par Benoit Voyer
2 octobre 2025
Elle s’appelle Jeanne. Elle est le deuxième enfant de Jacques Le Ber, marchand prospère de Montréal, originaire de Pitres, en Normandie, et de Jeanne Le Moyne, originaire de Dieppe. Elle nait à Ville-Marie, le 4 janvier 1662. Son frère aîné s’appelle Louis. Un jour, son père deviendra le plus riche commerçant de la Nouvelle-France et Jeanne aura trois autres frères : Jacques, Jean-Vincent et Pierre.
Lors de son baptême, Paul Chomedey de Maisonneuve, cofondateur et gouverneur de Montréal, et Jeanne Mance, fondatrice et administratrice de l’Hôtel-Dieu, sont ses parrain et marraine.
Ses frères seront des hommes bien en vue dans la colonie. Louise fera du commerce comme son père. Jacques sera soldat. Jean-Vincent sera choisi très jeune pour être commandant dans la milice de Montréal. Il mourra à l’âge de 25 ans. Enfin, Pierre deviendra religieux. Ce dernier cofondera l’institut religieux des Frères Charon destinés au soin des malades.
Seule fille de la famille, Jeanne sera choyée par ses parents et ses frères.
Son oncle est Charles Le Moyne, le fondateur de la ville de Longueuil.
De 1674 à 1677, elle étudie chez les Ursulines, à Québec. Avec les religieuses, elle s'initie à la broderie, un art dans lequel elle excelle. Fille pieuse, les Ursulines souhaitent en faire l’une d’elles, mais elle ne sent pas l’appel. Ses études terminées, Jeanne rentre à Montréal.
Puis, pas question de se marier. À partir de 1677, elle refuse les plus beaux partis de Ville-Marie…
Jeanne a un grand attrait pour le silence, la solitude et la prière. La vie contemplative, c’est son seul intérêt.
À 18 ans, son père et sa mère, avec l’accord de François Séguenot et des messieurs de Saint-Sulpice, responsables de la paroisse, lui accordent le souhait de vivre en recluse dans la maison familiale. Ainsi, retirée du monde, elle ne parle presque jamais. Ses seules sorties sont pour aller à la messe, à 5 h du matin, dans l’église paroissiale.
![]() |
Jeanne Leber et Marguerite Bourgeoys le jour de la réclusion de Jeanne |
Sans cesser de prier, elle coud et brode linges et ornements liturgiques et confectionne des vêtements pour les pauvres.
Le 3 octobre 1714, à 9 h, elle décède à l’âge de 52 ans.
De nos jours, Jeanne Leber repose dans la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours, à Montréal.
Depuis le 28 octobre 2015, sa cause en vue d’une future béatification et canonisation est à l’étude au Vatican.
Un livre à lire
« Jeanne Leber, la priante et la brodeuse »
de Denise Lamarche (Éditions Carte Blanche, 2004)
Jeanne et moi
Jeanne Leber est ma petite cousine. Pour faire une histoire courte, c’est la « cousine germaine du mari de la belle-sœur de la cousine germaine éloignée au 11ᵉ degré ». Comme moi, vous avez souri. Oui, Jeanne-la-première-contemplative-de-Montréal est ma petite cousine, mais de très loin. Voici le lien, d’elle à moi :
Jeanne Leber (1662-1714) est la fille de Jeanne Lemoine.
Sa mère, Jeanne Lemoine (1630-1682), est la fille de Charles Lemoine (1626-1685).
Le fils de Charles Lemoine porte aussi le prénom de Charles (1656-1729). Ce dernier deviendra le fondateur de la ville de Longueuil et épousera Marguerite Le Gardeur de Tilly (1657-1742).
Le frère de Marguerite est Pierre Noel Le Gardeur de Tilly (1652-1720). Il épousera Madeleine Boucher (1661-1739).
Le père de Madeleine est Pierre Boucher (1622-1717). Il s’agit du premier seigneur de Boucherville. Il est aussi le seigneur de Grosbois.
La sœur de Pierre Boucher est Marguerite Boucher.
Marguerite donne à ce monde un fils nommé Antoine Toupin (1655-1711).
Antoine et sa conjointe donnent naissance à Marguerite Toupin (1685-1741).
Marguerite donnera la vie à Madeleine Marguerite Cordeau (1707-1780).
Cette dernière est la mère d’Antoine Michaud (1731-1786).
Antoine donne naissance à Angélique Michaud.
Angélique est la mère de Louise Levasseur (1799-1865).
Louise enfante Catherine St-Onge (1825-1897).
Catherine donne la vie à son tour à Eléonore Saindon (1845-1913).
Mon arrière-grand-père, Rémi Chenard (1864-1918), est le fils d'Éléonore.
Rémi est le père d’Alice (1889-1981), ma grand-mère.
Cette dernière épousera Edgar Voyer et donnera la vie à une ribambelle de marmots, dont le benjamin est mon père Roméo (1930-2021).